Extrait du journal

Paris, 7 juin. — C’est repos domini cal au Palais de Justice. Profitons de cette journée d'entre audience — j’allais écrire d’entr acte — pour jeter un coup d’œil autour du procès des fabricants et des émetteurs des faux bons de la Défense nationale. On m’a posé la question : « Est-ce que cc procès intéresse les Parisiens ; est-ce qu’ils s’attachent à le suivre; est-ce qu’ils se bousculent aux portes de la Cpur d’assises 1 ». Disons-le immédiatement, la Cour d’assises de la Seine est un véritable désert. Mais le procès actuel n’est pas en cause. Jusqu’à nouvel ordre, et pour tous les procès, aussi sensationnels qu’ils soient, cette salle de la Cour d’as sises restera un désert. En voici la rai son ; nous avons, nous Marseillais ou Méridionaux, une réputation usurpée. On nous prête de la nervosité, de la passion, de l’exubérance. Vous savez bien que nous sommes, au contraire, calmes et pondères. La preuve en est que jamais la salle de notre Cour d’assises des Bouches-du-Rhône ne fut le théâtre de scènes scandaleuses pareilles à cel les qui eurent fréquemment pour théâtre la Cour d’assises de la Seine à Paris. La foule y venait comme au spectacle. Elle manifestait son approbation ou sa désapprobation hautement; elle prenait fait et cause pour tel ou tel accusé,pour tel ou tel avocat, ou se bousculait ou...