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Le Petit Marseillais, 8 mars 1921

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Le Petit Marseillais
8 mars 1921


Extrait du journal

Nous voici au point culminani de la •ris-:-, l/hcure des sanctions a sonné. C’est à tort que l’on avait espéré un signe de bonne volonté chez les Allemands. L’attitude humble du docteur Simons lors de la signification de l'ultimatum n’était encore qu’une feinte, comme fut toujours traîtresse et sournoise la pensée boche. On lira plus loin le compte rendu de cette séance dernjère, dans laquelle, jus qu’à la minute où les Alliés ont dû rom pre, le docteur Simons a montré la plus basse hypocrisie unie à une sorte d’humi lité stupide. Il alléguait encore dos inten tions conciliatrices, le manque de temps pour des propositions meilleures, le concours nécessaire des experts. Et quoi encore ? Contre - propositions, marchandages, tout est truqué, camouflé chez ces maqui gnons berlinois qui se parent de la qua lité de délégués. Je les ai vus, de mes yeux vus, pendant quinze jours à Spa. 11 y avait là le docteur Simons, faux bonhomme ; l’insolent général von Seecht au monocle vissé dans l'œil, dédaigneux et méprisant, de telle sorte qu’au lieu de parlementer avec lui, on eût mieux fait de le botter ou de le gifler ; il y avait le chancelier Fehrenbach, solennelle nul lité ne disant rien et n'en pensant pas plus ; le milliardaire Hugo Stinnes, au nez tordu,à la face de brute sanguinaire ; il y avait les délégués - des ouvriers mineurs, serviteurs" du ploutoerate, et d'autres sires qui constituaient une infecte bande de sacripants. En considérant ces individus, qui, par fois, tenaient conseil dans le parc de La Fraineuse, il n’y avait aucun doute sur l'unique but qu’ils poursuivaient : « Ces gens-là, pouvait-on se dire sans risque de se tromper, ne songent qu’à nous rouler, à noua faire les po ïs : ils ne désarme ront jamais, ils ne paieront jamais 1 » Et l’événement l’a prouvé. Tels les Allemands étaient à Spa, tels ils ont été à Londres : des coquins et des fourbes. Même s’ils eussent signé les accords de Paris en leur intégralité,ils ne les eussent pas exécutés et si les Alliés avaient accepté leurs propositions insultantes, nos ennemis auraient trouvé encore le moyen de les renier à la plus prochaine occasion. Cela est terrible à dire, mais nous récoltons ce que nous avons nousmêmes semé. La faute initiale, celle qui marquera les origines de la revanche implacable que les Allemands préparent et que nous aurons grand’peine à retar der, c’est de n’avoir pas abattu ce peuple de proie militairement, de lui avoir laissé ses soldats, ses officiers, ses casernes, ses usines II fallait écraser cette vermine pullulante dans l’instant qu’on l’avait sous le pied. Cela est irréparable. La seconde faute, aussi insensée que la première, fut de n’exiger, en vue des ;réparations, aucune créance sérieuse. Nous avons ouvert l’ère des conversations sans avoir en mains les gages nécessai res. Les conversations ont duré deux ans et l’on s'est moqué de nous sans un jour de répit. Mauvais armistice, ou trop pressé, mauvais traité, ou insuffisant, encore plus mal appliqué par des ministres qui ont manqué d’énergie, et une diplomatie gonflée de vent ? Il y a tout cela et autre chose encore. Lorsque après les accords de Paris, l’opinion a vu poindre les qua rante-deux annuités, elle n’a supporté que malaisément la perspective de ces échéances instituées pour nos petits-en fants et la réduction prodigieuse de la dette allemande telle que la comportent ces annuités. L’indignation s’est jointe à notre désillusion lorsque enfin les délé gués allemands, après l’ultimatum signi fié, se sont vu donner quatre jours pour l’acceptation d’un traitement de faveur que l’Allemagne ne méritait pas. Et voici que, même à ce prix de rabais, nos ennemis continuent à se f... iche de nous. C’est peut-être tant mieux, car la leçon sera bonne, à condition qu’on la retienne. Nous avons désormais tous les droits à prendre des gages et nous avons aussi le devoir, les ayant pris, de les garder. En 1872, notre malheureux pays avait encore trois milliards à verser sur les cinq qu’on lui demandait ; lorsque nous proposâmes un arrangement bancaire, Bismarck répondit : « Le dernier soldat prussien ne quittera le sol français que lorsque le dernier centime de l’indemnité de guerre nous aura été payé. » Ainsi fut fait ; ainsi devons-nous faire. Ce n’est point là du militarisme, ni de l’impérialisme, comme disent les agents de l’Allemagne en France ; c’est de la logique. Malgré notre souverain désir de désarmement et de réduction du service armé, qui donc nous oblige à fondre en dépenses militaires les milliards que nous voulons récupérer ? L’Allemagne, par ses menaces et sa mauvaise foi. Qui nous contraint à employer la force quand nous proposions l’apaisement sincère des...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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