Extrait du journal

Les royalistes ont officiellement un prétendant, les communistes ont leur idéal à Moscou, les fascistes l’ont en Italie, les impérialistes souhaitent lu dictature, les socialistes ne la dési rent pas moins à condition de l’exer cer eux-mêmes. Il n’y aura bientôt plus que ceux que les Journaux de Gauche nom ment des réactionnaires pour avoir encore le goût d’une République libre, accueillante et de bonne humeur, même quand elle ne se porte pas très bien. Or, il y a tant de façons d’aimer ou de préférer un régime que notre nxni et collaborateur Henry Vidal s’est avisé de demander un peu au : hasard à des députés, des sénateurs, j des ministres, pourquoi ils sont répu1 hlicains. il publie, dans le Figaro, le principal de cotte enquête. Il semblerait que la plupart des interrogés ont été surpris de cette curiosité 'Journalistique. Ils ont l’air de se dire; — Mais, au fait, c’est vrai, pour quoi suis-je républicain ? Je n'y avals pas encore songé. Sous l'Empire, une telle question aurait trouvé «le multiples réponses. L’ardeur républicaine appelait la justice, la fraternité dans le travail et l'on rhansonnait toutes ces aspira tions ; Volld pourquoi (Ms), je fuis républicain. C'était le temps où naissait assez difficilement la troisième Républi que. Ses pères avaient des motifs passionnés d’aimer leur fille et de la trouver belle. Celle-ci ayant grandi, les républicains d’aujourd’hui n’ont plus eu que la peine de t’épouser. Quelques-uns ont fait de mauvais maris et ont gaspillé la dot. Même les époux honnêtes n’ont pas la conscience tranquille. Quelquesuns, que, par discrétion, nous ne citons pas, et non des moindres per sonnages, n’ont pas trouvé au fond de leur encrier les quinze lignes qu’on leur demandait. D’autres, au verbe facile, ont eu quelques accents éclatants, mais vides de sens. Trois ou quatre ont opiné «pie la République était le gouvernement naturel des peuples majeurs par eux-mêmes. C’est très bien, mais un peuple peut être majeur sans nue, pour cela, ses élus aient l’ftge de raison. Goethe avait déjà défini le meilleur gouvernement celui qui nous ap prend à nous gouverner nous-mêmes. Et nuis il y a, à côté de la question que l’on pose, celle que l’on tait. Etes-vous républicain par conviction 011 par intérêt ? A constater certains actes publics, ce dernier mobile prime l’autre souvent. Le souci, et parfois le remords, de tous ceux qui, au nom des principes républicains, détiennent une parcelle de pouvoir législatif, devrait être cette phrase qui, pour être de Xénophon, n’en est pas moins actuelle • « T.a plus grande imposture est de prétendre gouverner les hommes quand on n’en a pas la capa1 cité. » — E. Th....