Extrait du journal

Puis, l’homme à l'interpellation appa rut : C’était une excellente tête de garde du génie. — Comment êtes-vous entré ici ? — Par la porte, Monsieur, après avoir préalablement passé par le pont-levis. Mon ami, le capitaine X..., m’a prié de venir le prendre ici. La voix s’adoucit quelque peu : — Vous comprenez, j’ai une consi gne : Défense d’entrer sans permission. 11 y a tant d'étrangers par ici ; on vous lève un plan en rien de temps ! — Elle a raison, la consigne, mon ami; et vous avez raison, vous aussi de faire votre devoir. Mais, voulez-vous, s’il vous plaît, prévenir M. X... que je suis là ? — Tout de suite ! Mais vous savez, mande pardon, pouvez pas attendre là, il faut sortir de l’ouvrage, parce que... — Oui, mon ami, j’ai compris, je sors. Et, accompagné du garde, rigoureux observateur des formes, je refis à l’en vers le chemin de tout à l’heure. Je repassai devant le groupe des gâ cheurs qui gâchaient. Il y avait là un grand escogriffe d’une figure spécia lement désagréable. — Mauvaise mine ! fis-je à mon gar de qui, décidément, ne voulait pas me lâcher jusqu’à ce que je fusse hors d’état de pénétrer les immenses secrets des pans, flancs, gorges, etc. — Que voulez-vous , me répondit mon brave avec une moue dédaigneu se : c’est tous des Italiens I C’est ça le système de garde des pré cieux secrets de la Défense nationale; dans les forts cela ne se passe autre ment; le curieux, le simple curieux est rigoureusement pourchassé; mais pour construire ou réparer on traite avec un entrepreneur qui emploie les premiers ouvriers venus ; dans les ministères de la guerre et de la marine, une consigne sévère interdit aux officiers l’entrée des bureaux, mais la consigne est muette pour les personnes étrangères au mé tier militaire et le premier venu peut y entrer comme l'âne an moulin: Et voilà pourquoi je ne prends jamais au sérieux les secrets u Etal. A. ELBERT....