Extrait du journal

Or, vous savez la merveille 1 Il paraît presque certain Qu’on va décorer Marseille* Quelque beau matin. Cela vous réjouit l’ùme, Car ce ruban projeté, Marseille, je le proclame. L’a bien mérité I Qu’elle ne l’eût pas encore, Le fait, certe, est sans pareil..# Il est temps que Ton décore Notre beau soleil ! Mais on prétend qu’on se bouge ; Que, sûrement, avant peu, On mettra le ruban rouge Sur notre flot bleu ! Ça fait cligner la paupière De songer — dam 1 je le crois — Que bientôt la Cannebière Doit avoir la croix I Avec des façons câlines. Vers toi les fronts sont penchés : On décore tes collines, Ville, et tes rochers I Concordat, quand tu t’écroules, — Quel bruit tu fais en tombant 1 — Au vieux clocher des Accoules On met le ruban ! Sur ta colline pointue, Vierge, à qui l’on s’est voué. C’est un peu sur ta statue Qu’il sera noué ! Ville, c’est toute ta gloire Qui longtemps se déroula. Et c’est toute ton histoire Qu'on décore là I C’est ton ciel et c’est ta rue. C’est ton port, ce sont tes eaux ; Ce sont tes quais où se rue L’essor des vaisseaux I cest le Jarret, cest l'Huveauue, Qu'on décore avec plaisir : Ils vont se croire des Rhône, Se mettre à grossir ! Ce sont tes aubes vermeilles, Ta Corniche, tes îlots ; Ce sont tes vieux et tes vieilles. Et tes matelots ! Et ce sont tous- tes grands hommes. D’aujourd’hui, d’hier, de longtemps, Qu'ils décorent — économes — Tous en rniîme temps 1 Et tes anciennes familles, Pères, fils, oncles, neveux... Ce ruban, c’est pour tes filles, C’est pour leurs cheveux 1 Ville, si Ton te dôcore, Ce sera — de point en point —* Comme un drapeau tricolore Qu’on apercevra de loin, Car, tu marieras — c’est proche — Le bleu du flot quü s’étend, Et la blancheur de ta roche Au rouge de ton ruban ! XAVIER MAUNIER....