Extrait du journal

POUR LES HfcBIHS Il "y aurait tant (a faire, en France, pour placer notre marine marchande à la hauteur des marines rivales et pour réaliser tous les progrès accom plis par celles-ci dans ces dernières années, qu’il est impossible de mettre une question maritime à l’ordre du jour sans provoquer do longs échos dans Je public; et c'est peut-être pour cela surtout qu’il faut louer M. Char les Roux de son initiative pour la création d’une Association mari time internationale. Le premier con grès tenu par celle-ci à Monaco a clos ses travaux depuis plusieurs semai nes ; mais on continue quand môme à se préoccuper des questions qu’il a abordées et même de celles qu’il n’a pas abordées, les réservant sans doute pour des congrès ultérieurs. Voilà une agitation excellente et qu’il faut s’efforcer de prolonger le plus possible, car ce n’est qu’en entre tenant un courant d’opinion favorable h notre marine qu’on obligera les pou voirs publics à s’en préoccuper davan tage et à lui donner un peu plus sou vent le pas sur la politique. Il ne fi’ngit pas seulement, en effet, d’encourage ments à accorder aux industries ma ri limes pour leur permettre de rega gner l’avance qu’ont prise les marines étrangères qui, naguère, occupaient les derniers rangs et qui aujourd’hui occupent, les premiers ; il s’agit aussi d'améliorer le sort des marins, tant à la mer qu'à terre, de façon à faire ces ser le découragement qui pieu à peu gagne notre population maritime et la fait se tourner vers les professions terrestres, au grand détriment de notre puissance navale. Dans cet ordre d’idées, il s’est dit beaucoup de choses intéressantes au premier congrès de l’Association ma ritime, et nous sommes heureux do voir qu’elles ont bénéficié d’une large publicité et de longs commentaires, aussi bien en France qu’à l’étranger. Mais il faut avouer que nous nous sommes plus instruits en recueillant les idées des congressistes étrangers, que nous n’avons pu les instruire eux par les idées de nos congressistes. Et c’est précisément là ce qui montre notre infériorité maritime, non seule ment au point de vue matériel, mais au point de vue moral. Malheureusement, tous nos marins qui ont visité les grands ports étran gers sont frappés de cette infériorité qui les attriste encore plus que celle résultant delà différence des tonnages, des vitesses ou des opérations com merciales des paquebots. Ainsi Mme Cardozo do Betnencourt nous a tracé un tableau très exact de l’évolution qui s’est opérée dans les mœurs du marin allemand, par lofait delà subs titution de la vapeur à la voile; et si nous disons que ce tableau est exact, c'est parce qu’il est à très peu de chose près le môme pour le marin français. Celui-ci également a vu son temps de séjour à terre se réduire de plus en plus, par la multiplicité des voyages qu'accomplit le navire sur lequel il est embarqué; il n’a donc plus le temps de se reposer dans sa famille, si celle-ci n’habite pas le port d’attache du navire, et c’est le cas le plus fréquent. Cependant il a d’autant plus besoin de quelques journées de repos que son labeur est devenu plus pénible que par le passé et que la navigation mo derne est devenue en quelque sorte plus ahurissante ; autrement dit, et pour nous servir de l’expression con sacrée, on court perpétuellement la poste à bord du bateau à vapeur, tan dis que sur le voilier de jadis on cou rait bien la poste quelquefois, mais on avait aussi de longues semaines d’un donn-/arnicnte ; et enfin, quand on arrivait au port, le matelot pouvait jouir d’un repos absolu aussi long temps qu’il avait de l'argent dans la...