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Le Petit Marseillais, 10 novembre 1915

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Le Petit Marseillais
10 novembre 1915


Extrait du journal

rendre le chaud foulard de soie que j’avais enlevé de mon cou pour l’enrouler au vôtre. Ce geste imité de saint Martin m’avait semblé su perbe et la couronne de lauriers que je me posais aussitôt sur la tète, jamais Alexandre ni Homère n’en portèrent d'aussi touffue-». Mais j’aurais désiré la gloire sans pousser ou bout le sacrifice, et quand un rhume vint ré compenser mon dévouement, ce dévouement me sembla lourd aux épaules. D’un côté la vie sauvée, de l’autre un rhume opiniâtre ; la balance n’était pas égale évidem ment. et vous méritez toutes mes malédictions ! O ingratitude humaine! Enfin, nous reçûmes l’ordre du départ. Malgré la joie de cette nouvelle et la vision éblouissante des voluptés qui nous attendaient à l’arrière, ce furent des fronts soucieux, des yeux inquiets, des épaules rentrées qui défilè rent dans le boyau de la route conduisant à l’étang de Ronval. Nous ne pouvions croire à notre bonheur ; il nous apparaissait irréalisable. De ces balles perdues qui rôdaient au-dessus de nos têtes, laquelle allait, sournoisement, se jeter sur nous ? De ccs 77 qui. sans trêve, ba layaient le ravin, l’un sans doute nous atten dait là-bas. au détour, pour faucher nos rangs? Mais non. le ravin fut franchi, l’étang dé passé, le bois escaladé sans que rien de fâcheux nous advint. Encore un effort et nous voici de l’autre côté de la crête. Là. plus de balles à craindre et plus d’obus. Nous étions sauvésI Oh ! alors, si vous aviez vu .soudain tous ces visages se détendre, toutes ces bouches s’ouvrir, et fuser tous ces rires, et cataracter ces torrents de paroles ! Oubliée la fatigue.oubliés les dangers, reniées les épouvantes.- Dans notre esprit et devant nos yeux une seule image : celle du bourg abrité dans son vallon paisible, où nous pourrions, toute une longue semaine.dormir notre content, manger chaud, boire du vin, garder nos pieds au sec et fumer du matin au soir.. — J. P....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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