PRÉCÉDENT

Le Petit Marseillais, 10 octobre 1915

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Marseillais
10 octobre 1915


Extrait du journal

X..., 8 octobre. C’était d’abord une avalanche, ou bien une inondation, selon le jeu des comparaisons. A Paris 1 hurlaient les armées du kaiser. Elles n’allèrent qu’à la Marne et à l’Yser. Il n’y eut plus d’avalanche, ni d’inondation ; nous avions endigué ces tléaux de la masse et du nombre. I)e l’aveu des feuilles allemandes, après les batailles de Champagne, les armées teuton nes n’étaient plus qu’un mur. Elles disent bien, ces feuilles, qu’il s'agit d’un mur d'ai rain ; mais, enfin, un mtîr n'est qu’un mur et, de celui-ci, le métal doit être en toc, car les brèches s’élargissent à rhanin de nos coups. Cela s’effrite et l’on s’aperçoit que le mur était de stuc, peint en airain. Du reste, ceux-là mêmes qui s’abritent der rière cette construction finissent par dévoiler le secret de leur faiblesse chaque jour accrue. Des interrogatoires pressants ont amené cer tains officiers allemands prisonniers à expri mer des regrets non exempts de rancune. Quelques-uns avouaient qu’ils étaient plus surpris d’être vivants encore que captifs. Un lieutenant d’infanterie bavarois expliqua ce sentiment : — Nous combattons sans espoir, dit-il, et je plains davantage ceux qui nous succèdent. — Pourquoi cela ? — Parce que la confiance nous manque et que le dévouement des troupes, sans lequel on ne fait rien, est en baisse continuelle. Au début, nous allions au combat avec fureur, car la certitude était dans nos cœurs. Je fus promu lieutenant il y a trois mois. Aupara vant, j’étais étudiant à Gœttingue. J’avais deux frères plus âgés, l’un tué à Anvers, l’autre qui est resté dans les marais russes. Chez nous la mort est accueillie bravement, mais l’ex trême durée de la guerre sans avancement possible brise le calme le mieux trempé. « Je crois (jue la faute des chefs a été de nous promettre toujours la paix victorieuse pour un terme très rapproché ; cela a toujours été le thème des proclamations impériales et des ordres du jour (le l’état-major. De sorte que lorsque le succès glorieux est maintenant annoncé à nos régiments on voit bien que les soldats n’ont plus la foi. — Auriez-vous eu des cas d'insubordination dans vos rangs ? — Cela est tout à fait improbable, même...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

En savoir plus
Données de classification
  • venizelos
  • reuss
  • loos
  • mari
  • ponge
  • elliot
  • zaïmis
  • emile thomas
  • anvers
  • henri ier
  • paris
  • grèce
  • salonique
  • bulgarie
  • genève
  • serbie
  • marseille
  • berlin
  • roumanie
  • odessa
  • forces françaises
  • armée russe
  • parlement