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Le Petit Marseillais, 11 août 1907

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Le Petit Marseillais
11 août 1907


Extrait du journal

Un socialiste indépendant, M. RinÉpiier, ne craint pas d’écrire, dans l'Echo Soissonnais, que le système gouverne mental actuel ne diffère en aucune façon de celui du second Empire. B pourrait même ajouter qu’il est pire car, s’il fallait être impérialiste sous l’Empire pour obtenir quoi que ce fût, il ne suffit pas d’être républicain sous la République. Il faut l’être d’une certaine façon, et non d’une autre. Notre confrère cite un exemple amu sant. Il eut à s’occuper d’un jeune sol dat, dont le père était septuagénaire, et qui pouvait revenir dans ses foyers. Pour hâter l’affaire, il écrivit à une personnalité du Bloc, lui exposant 'que son protégé avait tous les droits à l’exemption, qu’il ne demandait pas pour lui une faveur, mais tout simple ment d’activer les formalités. La réponse du ministère fut celle-ci : « Impossible, le père était chantre ! » Lorsque je faisais partie du conseil général du département du Cher, plu sieurs de mes collègues déposèrent un vœu demandant que fussent exclus de toutes fonctions publiques tous les citoyens qui auraient fait leurs études dans des établissements religieux. Il y en avait encore en ce temps-là. Je m’opposai à ce vœu. Je donnais pour raisons qu’il était en contradiction formelle avec l’article des Droits de l’homme ; qu’il rétablissait, contrairement à. tout bon sens et à toute tradition républicaine, mie sorte de péché origine] punissant les enfants des fautes commises par les pères ; car, enfin, en supposant même que ce fût un crime d’être élevé dans une pension reli gieuse, la responsabilité de ce crime ne pouvait incomber qu’aux parents, l’en fant n’ayant pas été consulté. J’ajoutai que, d’ailleurs, si l’on voulait se livrer à une statistique, on verrait que beaucoup de révolutionnaires, et des meilleurs, avaient été élevés par des prê tres,tandis qu’un grand nombre de réac tionnaires sortaient des lycées de l’Etat. G».dis que, à ce compte, plus d’un minis tre devrait donner sa démission. La proposition, étant stupide, fut par conséquent bien accueillie ; et c’est à partir de ce moment que je commençai à être traité de calotin par les imbéciles. Je dois reconnaître que les électeurs me donnèrent raison alors que, par un argument ad hominem, je dis à tous ceux qui se trouvaient dans une réunion publique que, ayant pour la plupart été chez les Frères, si Von votait une pareille loi, aucun d’eux ne pourrait être garde champêtre. Un jour, quand toutes ces choses seront oubliées, on ne voudra pas croire à une telle efflorescence de la bêtise humaine. Elle est pourtant ; et c’est l’état d’esprit dominant. Le trait rap porté par M. Ringuier n’est pas unique. On Va bien vu lors de la divulgation des fameuses fiches. Hors de l’Eglise catholique,il n’y avait pas de salut dans le ciel ; hors de notre église laïque, il n’y a pas de salut sur la terre. Nous allons même beaucoup plus loin que n’allaient nos pères ; car eux se contentaient d’une profession de foi per sonnelle, tandis que nous, nous en exi geons une collective embrassant tous les membres de la famille. Malheur à qui possède une tante dévote ! Le pauvre homme n’arrivera jamais à rien. Il aura beau dire que sa tante le déshérite parce qu’il est répu blicain, et qu’il ne peut pourtant pas exiger d’elle qu’elle se convertisse à la Franc-Maçonnerie, on continuera à lui taire payer l’infamie de sa tante qui, en vertu de la liberté de conscience, n’est plus autorisée à croire en Dieu. Il y a, à la vérité, des grâces d’état, car nulle règle ne va sans exceptions. J’ai vu des personnages haut placés entrer dans une église, servir de témoins dans des mariages religieux ; mais c’étaient des personnages haut placés. S’ils avaient été de pauvres diables, ayant un fils auxiliaire à la préfecture, on aurait sur-le-champ mis ce fils à la porte. On a beau être en démocratie, les grands ont toujours des privilèges. Com ment, sans

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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