Extrait du journal
La nomination de M. Thomson, minis tre de France à Copenhague, comme trésorier-payeur général du départe ment de l’Hérault me remet en mémoire la visite que je lis, il y a trois ans, à la cour de Danemark. C’était à la fin de mai, quelques jours après l’ouverture de l'Exposition de Copenhague que j’étais allô visiter comme correspondant du Petit Marseillais à Berlin : Muni de quelques hautes références, je demandai à être présenté au roi de Danemark. Le hof-marchal m’adressa une « prière d’assister à la réception du....» Le billet d'invitation portait cette seule recommandation : Mettez toutes vos décorations. Je vous prie de croire que cette partie de ma toilette fut bien tôt terminée. Je ne remarquai pas sans orgueil que sur les cent personnes qui étaient invitées, ce soir là, au Palais; j’étais le seul à me présenter au roi avec une boutonnière vierge et sans tache. Le Danemark est encore de ces pays où les gens modestes portent des décorations... pour ne pas se faire remarquer. Le roi Christian n’est pas riche ; il n’en a pas moins bien marié ses filles : l’une avec le futur roi d’Angleterre, et l’autre avec l’empereur Alexandre de Russie. Il possédait autrefois un splen dide palais à Copenhague, sur le bord de la mer ; mais un terrible incendie le détruisit complètement en 1885; et le souverain n’a pas les moyens de le faire reconstruire. Il habite aujourd’hui quelques modestes hôtels reliés entre eux par des sortes de ponts suspendus. C’est ainsi que, reçus dans une maison trop petite, nous allâmes souper dans une autre, en traversant d’infinis corri dors qui me rappelaient assez exacte ment les tunnels sous la Tamise. Je vous veux portraicturer en deux lignes le roi Christian : c’est un bour geois sympathique. La physionomie d’un bon médecin de campagne. Lors qu’il me serra la main, d’un geste un peu solennel et attentif, il me sembla qu’il me tâtait le pouls. Des bras longs, toujours vers la terre, en saule pleu reur, par l’habitude sans doute des courbettes innombrables ; la tête tou jours dressée, pas lourde aux épaules ; les sourcils relevés vers le sommet poin tu du crâne dans une expression figée de surprise continue. La bouche retient un sourire, et, dans le détroit que des sinent sur le menton les presqu’îles des favoris, une fossette profonde prolonge et arrondit ce sourire béat perpétuel. La Reine, une femme de tête, qui don ne au roi le temps de se reposer, me lit l’honneur de s’entretenir une dizaine de minutes avec moi. Je ne pensais pas qu’il fût possible, même pour une fem me, de parler si longtemps sans rien dire.Et arrangez cela comme vous pour rez, je recueillis tout de même, à travers ce verbiage vide, l'impression que la Heine vérifiait pour son compte la dé finition connue de la culotte : partie du vêtement que les hommes mettent et que les femmes portent. Le Kronprinz du Danemark, un très aimable prince , chauve déjà, voulut Lien me confier qu'il avait fait très froid pendant, l’hivpr, mais que, par bonheur, l’été ramènerait sans doute un peu de chaleur. Je fus très touché de cette mar...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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