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Le Petit Marseillais, 12 janvier 1901

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Le Petit Marseillais
12 janvier 1901


Extrait du journal

que le gouvernement saura le com prendre. De telles scènes grandioses, de tels actes touchant ou sublime méritent non seulement de fixer l’attention du gouvernement, mais Celle du pays tout entier qui a le droit de se mon trer confiant |dans l’avenir, sachant bien que ce qui s’est passé hier à Faraman se passera demain sur tel point de lu Manche ou do l’Océan, où on aura encore besoin de braves gens prêts à sacrifier leur vie pour sauver celle de leurs concitoyens en détresse. Mais cette confiance devrait se dou bler d’un peu de reconnaissance,car, chose bien triste à dire, ce sont ces populations maritimes pour lesquelles nos législateurs, lisez nos politiciens, ont le moins do sollicitude. Il n’est mesure tracassière à leur égard que le Parlement ne ratifie de ses votes : on rogne, chaque année, les maigres privilèges dont ils sont censés jouir; par une réglementation bizarre et injuste, on éloigne d’eux le plus possible la modique pension de retraite que leur doit VEtat sur leurs vieux jours; leurs salaires deviennent de plus en plus insuffisants pour les nourrir eux et leur famille; on fait tout pour les dégoûter de ce métier de la mer, comme si on redoutait d’avoir sur nos côtes trop de braves cœurs et d’âmes bien trempées. Il faut que lc pays sache récompenser tous ces braves gens qui sont notre honneur et notre exemple à tous, et qu’il réclame de ses représentants un peu plus de générosité pour ceux dont toute la vie se dépense au profit dos autres i ADV. «e. A SAINTE-HÉLÈNE On nous écrit de Londres,îe8 janvier: Je trouve dans une revue anglaise quel ques renseignements qui, bien qu’épurés par la censure, donnent une idée des souffrances endurées par les prisonniers boers internés à Sainte-Hélène. Les prisonniers, sur lesquels s’exerce une étroite et rigoureuse surveillance, ont été embarqués, il y a cinq ou six mois, sur de vieux bateaux alors ancrés au large du Cap. Ils furent retenus trois mois durant sur ces vieilles carcasses de navire,ne recevantqu’une nourriture insulllsante et souvent malsaine. Il ne leur était permis de monter sur le pont, pour prendre l’air, qu’une heure par jour. Ces navires, qui servent habituellement au transport des bestiaux étaient horrible ment Infects, remplis de détritus et d’ordu res de toutes sortes. Pendant ces trois mois, les malheureux prisonniers n’eurent pour se couvrir que les effets qu’ils avaient rapportés du champ de bataille et qui pour la plupart, étaient en lambeaux. Presque tous ces malheureux tombèrent malades et beaucoup moururent. A leur arrivée à Saintc-IIélène, la brise de la mer, l’air pur, les rayons du soleil leur firent grand bien et un grand nombre se rétablirent. Aucun d’entre eux, malgré la gravité de son état, n’avait pu être reçu dans un hôpital ou une infirmerie , toutes les places étant occupées par les blessés anglais. On les a réunis dans un camp au nombre de 2,800 environ, lis appartiennent à toutes les classes sociales : il y a des magistrats, des ministres de la représentation nationale, des cultivateurs , riches et pauvres , des ouvriers, des mineurs, même des uillanders. Ou y trouve des Français, des Allemands, des Italiens, des Danois, des Suédois et quelques Algériens et Américains. Les prisonniers ont dû, pour avoir un abri, se construire eux-mêmes des cabanes. Les unes ont à peine la hauteur d’un homme ; d’autres peuvent contenir jusqu’à quatre per sonnes. Elles sont faites avec des branches d’aloès et des planches de caisses à biscuit. De mauvaises couvertes étendues sur le toit servent d’abri aux prisonniers contre la cha leur ciu jour et la fraîcheur des nuits. Par exemple, quand il pleut tout le monde est mouillé. Un prisonnier, d’origine française, était devenu fou ; mais sa folie était douce; 11 pas sait son temps en contemplation devant une photographie, portrait de sa femme. Les autres «vieillissent à vue d’œil », dit le correspondant du Journal anglais. — ici on ne rit jamais, disait un jeune pri sonnier, aussi on vieillit vite. Je m’estime heureux de n’avoir ni femme ni enfant. Parmi les prisonniers, il y en a do très vieux. — pourquoi, disait le journaliste à un d’en tre eux, avoir pris les armes, à votre âge t Rien ne vous y obligeait. — j’ai prié Dieu, répondit le boer, et Je me suis mis dans ses mains avec ma famille. Uno...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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