Extrait du journal
On nous télégr. de Béthune, 11 janvier : Cunut-Vromant, Auguste Follet, Théophile Deroo et Abel Poli et ont payé leur dette à la société ; ils l’ont acquittée avec un cer tain courage auquel on était loin de s’atten dre de la part de ces bandits. La nuit fut atrocement pluvieuse et, cepen dant, Béthune n’a pas cessé de présenter 1 ani mation des grands jours : tous les cafés, pâtisseries, bureaux de tabac sont ouverts. La foule, dans la rue, cause gaiement. Autour de la prison des groupes se massent et hurlent : « Eh bien. Follet, c’est .ce matin qu’on va te raccourcir ! » Cependant, à la prison, les condamnés dor ment tranquillement. A 5 heures seulement Abel Follet entend les rumeurs du dehors ; le bandit se doute du sort qui lui est réservé ; il appelle les gardiens et demande du café. Les troupes, réveillées à 2 heures, arrivent pour maintenir la foule à 3 heures 15, et aussitôt un important service d’ordre est organisé autour de la prison, jusqu’à la place Lamartine. Les curieux sont refoulés un peu plus loin : les soldats du 73' et les gendarmes font la haie. Il faut montrer la carte spéciale pour pouvoir pénétrer dans l’enclos où se dresse la sinistre machine, à cinquante mè tres de la porte de la prison ; des bousculades se produisent. A 3 heures 30, les journalistes quittent le bu reau de police où rendez-vous leur avait été donné par les commissaires de Béthune, et se rendent sur l’emplacement choisi pour l’exécution, et fixé, comme on l’a déjà dit, près de la porte de la prison. Arrivés place Lamartine, ils ont à traverser plusieurs bar rages comprenant un cordon de gendarmes à pied, un cordon d’infanterie et un cordon de dragons ; malgré ces barrages, beaucoup de gens avaient pu pénétrer à l’intérieur. Les troupes coupent en deux la place Lamartine. L’infanterie occupe l’entrée des rues donnant accès sur cette place, ainsi que le derrière de la prison. La rue Daire est également barrée par les troupes. Peu de monde encore à cette heure mati nale. La pluie tombe fine et serrée. Les bois de justice, partis de la gare à 3 heures, sont arrivés. Les aides travaillent avec M. Deibler au montage de la sinistre machine ; l’infan terie forme le carré. Devant la porte de la prison, M. Deibler et ses aides montent la guillotine, à droite de la porte d’entrée, sur le trottoir, éclairés faible ment par la lueur de lanternes. Le bruit qu’ils font n’est pas bien grand : aussi ne croit-on pas qu’il puisse être entendu des assassins, dont les cellules sont proches de la rue. Il n’y a aucune maison en face de la prison ; mais les jardins qui bordent la rue ont été envahis par de nombreuses personnes qui s’éclairent avec des lanternes vénitiennes. A cette heure, le service d’ordre est des plus sévères. Les journalistes et quantité de curieux ayant obtenu des cartes d’entrée stationnent autour du carré formé par les troupes, en face de la porte de la prison. A ce moment, le capitaine Levys, comman dant la gendarmerie, ne pouvant se frayer un passage, s’écrie : » Laissez-moi passer, ou je vous passe dessus ! » Des huées s’élèvent de toutes parts, suivies de cris et de chants du cantique : Laissez monter son âme vers l'Eternel, chanté par des gens qui, évidem ment, ont passé la nuit dans les cabarets de la ville. A 4 heures 25 exactement, le premier mon tant de la guillotine s’élève. Certains journalistes protestent énergique ment contre l’interdiction d’entrée dans la prison. Les nombreux curieux qui ont forcé...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - deibler
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