Extrait du journal

La mort héroïque du docteur Mesny, ce médecin français frappé, au mois de janvier, en combattant la terrible épidé mie de peste qui ravageait à cette époque, la Mandchourie, est encore présente à toutes les mémoires. Un de nos confrères publie aujourd'hui la dernière lettre que ce vaillant écrivit à sa femme, quelques heures avant de mourir. La voici, dans son émouvante simplicité : Ma femme chérie adorée, Quand tu recevras cette lettre, j’aurai cessé de vivre et je serai allé t’attendre. Je me suis senti pris, ce matin, à 7 heures ; mais, malgré tout, je n’ai pu avoir de méde cin qu’à 1 heure de l’après-midi. Je pense à toi de tout mon cœur et à nos pauvres petits avant de m’en aller ; mais il faudra le faire une fois, cela est rapide. Fillette, tu avais raison, papa va mourir. Mes affaires sont simples. Suivent quelques indications précises pour le règlement de sa succession et les droits de sa veuve : assurance sur la vie, pension de la guerre, indemnité chi noise, etc. Pensez à moi, aimez-moi comme je vous aime. La boîte qui était sur la commode de ma chambre et qui m’attendait est inutile maintenant. Minette adorée, enfants chéris aimés, au re voir plus tard, à vous revoir. Inutile de ve nir sur ma.tombe. Tu prendrais toi aussi la maladie et les enfants seraient seuls. Ma Minette, ne viens pas, à aucun prix. Je te quitte en t’embrassant de toute mon âme qui aime et qui s’en va. Embrasse les minets chéris. Je vous adore. Priez pour moi 1 Le passage dans lequel il déclare : « Fillette, tu avais raison, papa va mou rir », a trait à la circonstance suivante : Le docteur Mesny était un croyant fer vent et, avant son départ de Tien-Tsin pour aller où son devoir l’appelait, sa fil lette l’avait supplié de rester, en lui di sant : « Papa, tu vas mourir ! » Le clair instinct de l’enfant ne l’avait pas trom pée, sa prophétie s’était réalisée. Les Ministres de chez Maxim’s Un des personnages de la Dame de chez Maxim's passera à la postérité. C’est le témoin ahuri d’être mêlé à une histoire de duel dont il ignore le premier mot. Il n’a pas plus le sentiment d^ sa responsabilité qu’il n’a d’opinion sur l’af faire. Et quand on l’interroge, il répond avec grâce : — Oh ! moi, vous savez, je m’en f... ! Les collaborateurs de M. Monis sont des types dans ce genre. M. Perrier surtout. 11 révèle comme subrécargue de premier rang une philosophie extraordinairement amène, subjective et tranquille. Quant à M. Pams, il constitue un dé menti vivant au nom qu’il porte. On a beau dire Pams, il n’éclate jamais. Il tient de sa nature amorphe l’air doucement étonné d'un ministre tombé de la lune et qui de rien ne se frappe. MM. Pams et Perrier, ce sont deux té moins de chez Monis, ou, comme il vous plaira, deux ministres de chez Maxim’s. 01) ! vous savez, eux... Ils n'ont pas de parti-pris. Si peu que, en tre tous les deux, ils ont assez d’un jour pour changer trots fois d’opinion et assez de trois jours pour se ranger à sept ou huit avis différents. On les a vus, en moins de quarante-huit lieu res, dire blanc, plaider noir, ou juger que tout était gris, selon qu’ils étaient au Sénat qui les subit, à la Chambre qui les garde ou à la chambre qui garde M. Monis. Ils prouvèrent d’abord, place de la Con corde, leur bonne composition. Ce fut au cours du débat sur les délimitations, débat illimité. M. Perrier, à la tribune, figurait le gouvernement et portait dans il ne savait plus laquelle de ses poches le décret dont le conseil d’Etat avait été en longue et pé nible gésine....