Extrait du journal
LA STATUE Or, quand tu les verras à tes pieds se ranger, Tous ceux du Bloc, Esticr, Haissières, Duverger, El ces messieurs du ministère Qui viennent tout exprès par le chemin de fer T’inaugurer, beau marbre à nos regards offcrl. Bloc suave que rien n’altère ; Tu les verras venir : tu diras : — Les voici. Ils portent des discours, les ministres aussi : Ce qu’on va s’aiguiser la langue ! Tu les verras venir tour à tour à tes pieds Dérouler, solennels, lears orgueilleux papiers, Leur calamiteuse harangue. Je te plains ! Ton supplice est digne de pitié ; Ce qu'ils vont, en ce jour, t’offrir leur amitié ; Je les vois, clignant la prunelle, ^ Te jurer leurs grands dieux — ils n’en ont plus |jc crois — Qu'ils t’aiment comme leurs ancêtres d’autrefois, Toute la longue ritournelle... Ils seront en habit, et la main sur le cœur ; Ils te diront d'un air gracieux et vainqueur — Vallé, Masser et l’entourage — Qu’eux seuls ils sont, parmi tous les blocs existants, Le bloc qui fait la pluie ainsi que le beau temps, Et parfois déchaîne l’orage... Et tu les entendras sans sourciller, parbleu ! Ils seront à tes pieds,tous, venus peu à peu, Ou tous à la fois, que t’importe ! U y aura David, Queirel, Guichet, Baron, Flaissières. Nicolas, et tous rangés en rond. Les ministres et leur escorte... Ce sera beau, pour sur, de les voir tous ainsi En babils noirs — David mettra le sien aussi — Ils le feront la révérence. Et toi. beau marbre, où Roux mit son génie ardent, Peut-être qu’à les voir, tu diras : — Cependant, Ce n’est pas là toute la France ! En effet, quelques-uns ne seront pas venus, Qui pour loi ne sont pas pourtant des inconnus, Ce sera, certes, regrettable ; Mais veux qui seront là — sans même sé purger — Auront toujours assez d’appétit pour manger Tout ce qu’on mettra sur ta table ! \h ! s'ils pouvaient te faire asseoir au milieu d’eux ; Près de Baron ou près d’Estier, entre les deux Ministres; si — marbre qui bouge — Tout à coup, au dessert, ils te voyaient, surpris. Te dresser, quand David serait juste un peu gris, Après avoir été si rouge... Et si, dans le champagne et les vins haut cotés, Tu leur disais à tous leurs quatre vérités, Tu les verrais devenir blêmes. Ils auraient dans le cœur des repentirs secrets, Et Gastinel aurait sans doute des regrets Pour avoir brûlé tant d’emblcmes ! Tu leur dirais, avec ton geste accoutumé : — Le seul, l’unique bloc, c’est moi, marbre animé Que le sculpteur creuse et travaille, De tous vos longs discours j’ai supporté les chocs; Buvez à ma santé, c’est bien ; mais tous vos blocs | Ne m’ont jamais dit rien qui vaille! Et si le lendemain tu les voyais, parfois, S'il leur restait un peu de trouble dans la voix, Avec un air mélancolique, Demande si c’est toi qui les as refroidis, Ou si c’est le menu — saucisson et radis — Qui leur a donne la colique ! XAVIER MAUNIER....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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