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Le Petit Marseillais, 14 janvier 1893

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Le Petit Marseillais
14 janvier 1893


Extrait du journal

Le ministère n’a pas eu ce qu’on peut appeler une bonne presse. La majorité parlementaire, qui lui a accordé hier l’âpeu-près d'un vote de conüance, pourrait à la rigueur compenser cette réception plus que réservée, si cette majorité ne constituait pas un assemblage de bonnes volontés ondoyantes et diverses sur les quelles on ne saurait faire aucun fonds. La vérité dans tout cela est, qu’à me sure que les journées se succèdent, on s’aperçoit de plus en plus du néant des efforts tentés pour ramener à soi l’opinion publique et donner une orientation prati que à l'action gouvernementale. Le pu blic n’a pas plus confiance en la Chambre que la Chambre n’a'confiance en ellemême. Les choses en sont arrivées ü un état d’irrémédiabilifé contre lequel aucune réaction n’est possible. Et nous, gens de ia province, qui voyons tout dans le cal me de l’éloignement, qui avons la pa tience longue et la foi résistante, nous pouvons juger définitivement que le mal est sans remède, ou, tout au moins, sans aucun de ces remèdes qui ont jusqu’à présent servi de palliatifs. L’heure est au nouveau, le renouveau ne suturait même plus, il faut à tout prix que « ça change » dût-il devenir plus tard la même chose. Nos hommes politiques sont finis, nos influences jusqu’ici prépondérantes, dé monétisées, le moment nous semble venu pour le Parlement de plier l’aile, de fer mer les yeux et de s’immoler stoïque ment. en poussant vers le pays ce docile morituri' te militant des temps héroïques. Résister plus longtemps entraînerait tout de même la chute, mais une chute moins noble pour ceux qui y seraient entraînés et moins utile pour les intérêts qui la réclament. Une liquidation s’impose, inéluctable , immédiate, et tant qu’il restera quelqu’un au pouvoir, ou dans les coulisses du pou voir. pour représenter ce qui subsiste encore de nos influences dirigeantes, il n’y aura de confiance nulle part, nulle part d’entente possible et d’autorité su (li sante, pour relever notre malheureux pays des scandales oiï il se débat en sté riles efforts. C’est une constatation bien navrante, mais bien plus navrante encore serait la situation qui se dresserait devant nous si mi n’obéissait pas aux devoirs qu’elle dicte ; et nous sommes bien forcés de re connaître que quoi qu’il arrive, dans les aléas que nous présente la liquidation ré clamée , il ne peut rien arriver de pire que ce qui est à l’heure actuelle, dans l’incapacité où l’on se trouve d’édiiler un pouvoir quelconque qui ait plus de vingtquatre heures d’existence assurée. Il n’y a donc pas d’autre issue que la dissolution. C’est ce que notre France à ions, cette France honnête et laborieuse qui ne veut rien connaître des intrigues les partis et ne peut rien attendre que l un gouvernement intègre et énergique, c’est ce que la France espère aujourd’hui et ce quelle imposera demain si on veut résister à ses si légitimes exigences. La représentation nationale doit en prendre son parti, se soumettre... et se démettre. A. ELBERT....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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