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Le Petit Marseillais, 14 mars 1885

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Le Petit Marseillais
14 mars 1885


Extrait du journal

la pente eût été douce de l’amitié à une sympa thie plus vive. Il y a quelque chose de plus charmant que la première tentation de l’amour : c’est le spectacle rétrospectif d’une tentation qu’on analyse sans faiblesse, sans trouble, comme on regarde un beau pays qu’on domine, après l’avoir traversé d’un élan rapide, sans en avoir tâté les marécages et la boue. La coquetterie la plus fine est celle de la vertu. Antonie se disait qu’elle aurait plus de mérite à ne plus voir M. Dontilly, à justifier la confiance du docteur Vernon. Elle se défendait contre toute mélancolie personnelle. C’était bien assez du su jet d’inquiétude pressant. tragique qui l’obli geait à se concerter avec l’ami de M. d’Ambreville. Plus tard, quand elle serait sortie de ce drame, il lui serait bien permis par son juge in térieur, qu’elle faisait plus sévère que M. Vernon, plus dangereux que M. de Sabaillan, de se rappeler ce mirage d’une union conjugale, de vant le berceau d’une enfant, ce rêve éternel et toujours déçu. M. de Sabaillan s’ôtait arrêté dans un angle de la petite prairie, derrière un peuplier, contre le quel il lui fallut s’appuyer, tant il ressentit tout à coup de lassitude. il regardait de loin, avec une avidité d’obser vation qui lui arrachait quelque chose de la poi trine , ce tableau invraisemblable : sa femme causant dans une familiarité sans réticence, dans un abandon paisible et confiant, avec un homme dont il ne pouvait distinguer le visage, car la treille le mettait dans l’ombre ; et devant ces deux êtres accouplés par une confiance absolue, un enfant auquel ils souriaient, épanoui à leurs pieds, comme la fleur visible do cette amitié. Après cinq minutes de ce spectacle qui lui étreignait le cœur jusqu’à l’étouffement, le comte passa à travers deux buissons mal joints et s’a vança dans le pré....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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