Extrait du journal
Je le comprends : la discipline Peut seule nous sauvegarder, Il ne faut pas qu’elle décline... Mais pour la pipe, on peut plaide* I Nos délicatesses civiles, Il faut les respecter, pour sûr, Mais quand on vit brûler des villes, Eteindre sa pipe, c’est dur 1 C’est dur de la tenir cachée, Comme un objet compromettant. Quand elle fut, dans la tranchée, La compagne qu’on aima tant I Dans les longs soirs de la frontière, Quand on n’eut que ce plaisir-là, Pourquoi cacher, encore entière, Sa vieille xpipe, quand on l’a ? Quand la nuit s'écoulait si lente, L’hiver dernier, longs mois passés, Que de fois, ô pipé brûlante. Tu réchauffas des doigts glaces l Quand la bataille est terminée, Pipe, au fantassin attendri, Tu rappelles la cheminée Qui fume au village chéri ! Tu fais oublier maintes choses A nos héros parfois déçus ; Le rata paraît moins morose, Une bonne pipe dessus 1 Héroïsme, quand tu ruisselles, Elle en a sa part — dites non ? -« Quand elle voit ses étincelles Üe mêler au feu du canon 1 Hier encor, glorieuse étreinte, Quand l’âpre .Mort fauchait son champ, A l’assaut, tu montais sans crainte Tenue aux lèvres de Marchand 1 Que d'heures d’ennui vous évite Cette humble pipe aux feux ardents ; La route se finit plus vite Quand on la fait la pipe aux dents I Pipe par nos soldats aimée, Sur le front, pendant les longs soirs, Ce qu’il monte dans ta fumée Et de souvenirs et d’espoirs I Ils songent — quel que soit leur âge. Ou n’est pas toujours belliqueux — Qu’un jour prochain, vers leur village, Tu t’en reviendras avec eux, Pipe dont la fumée, emblème De l’espoir radieux et beau. Est là-bas, comme l’encens même Qui s’élève autour du drapeau I XAVIER MAUNIER. <7* LE RE0IHE DE LA PRESSE EU TEMPS DE QUERRE Nos services d’informations parlementaires ont signalé le dépôt, par son rapporteur, M. Paul Meu nier, d'un projet de loi arrêté par la commission de ia législation civile et criminelle. Il doit paraître intéressant de reproduire, do ré sumer le but poursuivi par la commission et qui se trouve expliqué dans les termes suivants du projet de loi : Votre commission, messieurs, dit le rap porteur, admet une censure en temps de guerre ; mais elle veut que cette censure soit légale. Elle admet une censure militaire et di plomatique ; mais elle ne veut pas d’une censure politique. Elle prévoit une répression, si la loi n’est pas obéie ; mais elle veut que cette répression soit légale et régulière. Elle veut que les intérêts de la défense na tionale soient sauvegardés ; mais elle ne veut nas que les droits de la défense soient sacrifiés. Ainsi le journal qui voudra résister aux vexations de la censure ne sera plus vaincu d’avance. S’il s’expose à une poursuite pénale, même accompagnée d’une saisie passagère, il bénéficiera de tous les recours et de tous les moyens de libre défense que la loi a prévus. En d’autres termes, il ne sera plus dé sarmé devant le pouvoir politique. Il ne sera plus menacé du silence et de la ruine. Nul n’aura plus le droit de le suspendre ou de l’interdire arbitrairement....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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