Extrait du journal

"Avant tout il faut être ingénieux. Beau coup de gens se donnent une peine infi nie pour trouver une idée pas trop défraî chie. Quels naïfs ! M. Guieysse n'est point de ceux-là. Il s’est dit que le para doxe est une mine inépuisable. Au congrès radical de Nancy, on l'a vu émettre un vœu au moins original. Le congrès était prié par lui de souhaiter que, à l'avenir, l’esprit militaire disparaisse des sociétés d’instruction militaire. La voilà bien, l’idée neuve ! Je crois que l’assemblée n’a pas voté la mption. Elle a eu tort. Immédiatement après elle aurait exprimé le vœu que l’esprit radical fût absent du congrès de même nom, et c'eût été logique. Notez que l’idée de M. Guieysse peut faire son chemin. Elle est assez toile pour être reprise ailleurs avec succès. PtflS. cela deviendra — qui sait ? — une mode et l’on prendra l’habitude de ne pas s’oc cuper des choses pour lesquelles, précisé ment, on paraissait être désigné. Les sociétés (^instruction militaire, pour complaire à M. Guieysse et à ses amis, en seigneront l’hervéisme ; les cordonniers feront des vêtements ; les financiers jette ront l’argent par les fenêtres et ainsi de suite, du haut en bas de l’échelle sociale. Ce sera le triomphe de l'ingéniosité. Du reste, il n'est pas prouvé que ce petit système des oppositions ne soit partielle ment déjà en usage. A chaque pas dans la vie nous heurtons des gens qui, en ma tière de raisonnement, marchent les pieds en l’air, qui nous tordraient volontiers le cou afin de nous apprendre à vivre et pro fessent que le zigzag est le plus court che min d’un point à un autre. — Th....