Extrait du journal

— J’ai quelques dettes, voilà mon seul crime. — Des dettes ! Eh ! mon Dieu, qui n’en a pas ? Nous avons beau être de province, nous savons bien que c’est la mode parmi les jeunes seigneurs à Paris. — Mais, reprit Saint-Maixent, je suis loin d’être sans ressources, car les usuriers n’ont prêté sur mes biens que le quart de leur va leur, tout au plus. — ils n’eu font jamais d’autres, ces genslà ! Ce sont des brigands!... — Oh ! je saurai leur faire rendre gorge. — Et ce sera justice. — Mes parents, d’ailleurs, sont nom breux. ils sout puissants et riches. Si je voulais recourir à eux, ils me tireraient sans hésiter de tout mes embarras pécu niaires. — Et M. le comte de Rahon y suffirait bien à lui tout seul, hasarda Denis Robustel. — Ah ! vous savez que le comte de Rahon est mon parent ? — J’ai l’honneur de connaître les allian ces de Monsieur le marquis. — Alors, vous comprenez, mon cher pré vôt, combien il doit me sembler pénible d’être conduit ainsi comme un criminel, comme un misérable. Denis Robustel tira des profondeurs de sa poitrine un soupir caverneux. — Hélas! hélas! murmura-t-il ensuite, je ne le comprends que trop bien... Mais le devoir... — N’allez pas croire que je vous demande de manquer au vôtre, interrompit M. de Saint-Maixent. Vous m'offririez en ce mo ment la clef des champs, je refuserais. Oui, foi de gentilhomme, je refuserais ! C’est le lieutenant civil lui-même qui me rendra la liberté, en me suppliant d’accepter les ex cuses qui me sont dues pour la déplorable erreur dont je suis victime. — Et monsieur le marquis les acceptera-...