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Le Petit Marseillais, 15 décembre 1907

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Le Petit Marseillais
15 décembre 1907


Extrait du journal

Il faut reconnaître que le citoyen Prache a fait, dans le Socialisme, un excel lent article contre l’impôt sur le revenu. « Dans un budget de quatre milliards, écrit-il, les fameuses quatre vieilles, les contributions directes, n’entrent pas même pour un milliard, pas même pour un quart. Le reste, trois milliards et plus, est fourni par les impôts indirects, auxquels le projet ne touche pas. « C’est déjà une raison pour que, en dehors des phrases de métaphysique politique, il n'intéresse en rien la plus grande partie de la classe ouvrière. « En effet, c’est par les contributions indirectes, en particulier par les impôts de consommation, que la classe ouvrière alimente le budget. C’est sous la forme indirecte qu’elle paie l’impôt, un impôt progressif à rebours, puisqu’il frappe d’autant plus la famille qu’elle est plus nombreuse et plus pauvre. « Réformer uniquement l’impôt par un bout, et par le bout où il atteint le moins le prolétariat, en quoi est-ce une mesure prolétarienne ? « On nous dit, par exemple, que le projet Caillaux supprimera les contri butions de tous ceux qui ont moins de 2.500 francs de revenu. Mais combien y en a-t-il qui paient une contribution au percepteur ? Dans la plupart des vil les, l’ouvrier non possédant ne paie pas de contribution. Dans les campagnes, toute cette armée de prolétaires agrico les : ouvriers des champs, valets de fer mes, etc., ne paie pas l’impôt sous forme de contribution directe. « Toute une grosse partie de la popu lation reste donc forcément indifférente à la réforme. « Or, on ne peut toucher un peu pro fondément à un système d'impôts qu’en intéressant directement et sensiblement toute une catégorie de contribuables au changement par son intérêt. « Annoncer autre chose, c’est se con damner d’avance à l'impuissance, c'est confesser qu’on parle de réformes sans vouloir les faire. » Ces réflexions, tout à fait irréfutables, nous rajeunissent singulièrement en nous reportant à une époque où toute la campagne de protestation fiscale était, en effet, dirigée contre les impôts indi rects. Ce que c’est que de nous ! Et comme nous changeons ! Aujourd’hui, non seulement personne ne s’occupe plus des impôts indirects, mais on en ajoute d’autres tous les jours, sans que ceux qui les payent songent à se plain dre. On s’est mis en tête cette marêtte de l’impôt sur le revenu, que l’on con sidère niaisement comme une panacée destinée à nous faire tous jouir d’une prospérité sans égale, alors qu’il est surabondamment démontré quelle ne servira absolument à rien et que les uns seront plus chargés, sans que les autres soient déchargés d’un centime. Je me souviens encore que, autrefois, dans les réunions publiques, alors qu’un orateur, aux applaudissements univer sels, avait fait une charge à fond contre les impôts indirects, il concluait d’ordi naire en disant qu’il serait bien plus juste de remplacer ces taxes, qui pèsent sur le pauvre, par une contribution uni que sur la fortune de ceux qui en ont. Combien de fois ai-je entendu, et avezvous entendu vous-mêmes, répéter : « Qu’importe que je dépense mon argent d’une façon ou d’une autre ? Ce n’est pas sur ce que j'achète que je dois payer, mais sur ce que je reçois. » Et l’on alléguait les entraves que ce régime d’impôts indirects apporte au développement du commerce et de l’in dustrie. A cette heure, un stratagème ingé nieux a fait faire volte-face à l’opinion. On a persuadé à ce pays qu’il n’avait plus à se soucier en aucune manière de...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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