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Le Petit Marseillais, 15 janvier 1909

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Le Petit Marseillais
15 janvier 1909


Extrait du journal

On nous écrit de Rome, le 12 janvier : L’une des questions les plus ardues que le cataclysme de la Sicile et des Calabres ait fait soulever est celle regardant les droits des propriétaires sur les ruines de leurs maisons, sur les valeurs ensevelies dans les décombres et les conflits probables avec les compagnies d’assurance. Comment régler l’exercice de ces droits quand l’état-civil, les cadastres, tous les re gistres indiquant lu propriété individuelle sont détruits et que, en même temps, pour des raisons d’ordre public et d’hygiène, on ne peut permettre aux intéressés, à ces po pulations, de se rétablir sur les ruines de la cité morte ? Ainsi les millionnaires restés sur le pavé, les banquiers qui ont leurs coffresforts ensevelis, les industriels qui ont leurs usines démolies, de même les boutiquiers en général, les ouvriers ayant leurs instru ments de travail sous les décombres, ne peuvent fouiller, chercher à leur aise sous l’amoncellement des débris où ils ont leur grand ou petit avoir à recouvrer. Quels titres de propriété ont-ils à présenter ? Quelle garantie de leur droit ? Et comment l’Etat lui-même pourra-t-il remplir l’office d’exécuteur testamentaire de milliers et milliers de morts ? On s’est plaint de lenteurs, de manque d’organisation dans les secours. Mais, ainsi que m’ont fait observer plusieurs personnes qui ont vu l’immensité du désastre, de telles destructions de villes et de personnes sont en dehors des hypothèses prévues. Quel est le législateur qui , ait jamais indiqué les règles à suivre en pareille occurrence ? On peut prévoir la chute d’un édifice, la sub mersion d’un navire, un éboulement de ter rain, l’éruption d’un volcan, l’invasion d’une épidémie, la guerre, toutes les cala mités enfin auxquelles la pensée humaine est habituée depuis des siècles. On peut dicter des lois pour ces diverses contingen ces. Mais peut-on imaginer les tragiques affolements des individus et des foules, en de semblables catastrophes ? Il faut tenir compte aussi que toutes les voies et moyens de communication : télégraphe, chemins de fer. routes et jusqu’à la transmission radiotélégraphique. furent interrompus. On ne connut toute l’étendue du désastre que trois jours après. Comment pourvoir du jour au lendemain aux vivres, aux vêtements, aux médica ments. aux abris de toute une population et de plusieurs dizaines de milliers de bles sés ? Aucune nation n’est préparée pour de tels cataclysmes. — X. Y. Z....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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