Extrait du journal

Elle poursuivit, sans lever les yeux : — Oui, oui, tu auras un bon pourboire. Les Anglais sont généreux... ils sont toujours si riches, ces Anglais ! Et d’un ton‘plein de tristesse elle ajouta : — La saison n'a pas encore été bien bonne jusqu à présent et l’hiver vient à grands pas. Bientôt nous aurons de la neige, beaucoup de neige, et peut-être ne pourrons-nous plus sortir de Gastelvieil. Tu dois te rappeler, n’est-ce lias, le terrible hiver que nous avons traversé il y a deux ans !... Nous n'étions pas fiches, alofs, et nous avons souvent eu faim !... . ■— oh ! oui, je m’en souviens, mère. — Et quel froid rigoureux, fit Rose des Nei ges en soufflant dans ses petites mains... brr.. puis, quelle neige aussi ! Bosko se taisait. 11 n’entendait point les douces plaintes de sa mère, ne songeait point à tout ce passé de souffrances et de misère. Son âme était angoissée à la petisée qu’il lui faudrait, tout à 1 heure, plonger tous les siens dans la plus terrible détresse ! Pauvres y res chers qu’il va quitter peutêtre pour toujours 1 Tous trois pénètrent dans la maison. L’humble logis ne comprend guère qu’une vaste salle dallée, très haute de plafond.Près de l'unique fenêtre est la table de famille, la table où chaque jour ils prennent leurs repas et d’où ils peuvent contempler le magnifique paysage des montagnes et de la vallée. Quelques chaises, un buffet de bois blanc et un large lit tendu de cretonne bleue et rouge, complètent cet ameublement rustique. A côté, une chambre obscure — celle de Bosko. f Aux abords de la tour croissent quelques arbres rachitiques qui protègent les habitants contre les ardeurs du soleil. Dans un étroit jardin poussent quelques choux et Quelques nommes de ter***...