Extrait du journal

On sait quels sont les nobles, prudents et in dispensables usages qui régissent les militaires en matière de duel. Deux soldats s’injurient ou se bousculent. S’ils ne semblent pas disposés, plus que de raison, à régler l’affaire sur le terrain, le colonel l’exami ne, pèse l’offense et donne l’ordre à ses deux subordonnés d’en découdre. Cela est admirable, et sans cela, vous auriez une armée d’indignes crocheleurs. Eh bien, aujourd’hui, toute la jeunesse fran çaise est enrégimentée. Il n’y a pas un de nos entants qui n’enuosse l'uniforme, ne passe par la caserne et ne vive de la vie d i soldat. C'est donc à la France tout entière que s étend la g néreuse et chevaleresque coutume en honneur dans nos armées.Elle y apprend qu’une parole outragean te, un geste injurieux, une voie de fait se lavent dans le sang, sous peine de déshonneur, du mé pris des chefs, des égaux, des camarades, des amis. Et la loi proclamerait que le duel est un crime! qu’il doit être puni sévèrement et, dans certains cas, frapp ’ d’une peine infamante! Allons donc! Un volontaire d un an apprendrait au camp la fierté; la couardise dans la vie civile! Soldat, ses camarades et ses chefs le loueraient de n’a voir pas souffert u e injure légère; pékin, les magistrats le condamneraient pour avoir vengé, l’épée au poing une injure grave ! Allons donc! Honneur en deçà de la caserne, crime au delà! Cela n’est pas possible, quand toute la France fait l'exercice et mange à la gamelle....