Extrait du journal

avec le comédien Guérin. Ce mariage, elle ne le contracta pourtant que quatre ans après la mort de Molière. La célèbre aventure dit président Lescot, qui croyait avoir acheté ses faveurs et n’avait eu affaire qu’à son sosie, une certaine Le Tourelle, que lui avait procurée une entremetteuse, établit même, par la lumière jetée sur l’existence d’Armande, sa tenue décente pendant son veuvage. On n’a pas voulu réfléchir que cette union, à laquelle elle se résolvait, était peut-être une nécessité. Elle était en butte à de vives attaques ; elle avait besoin d'un défenseur. Elle ne l’avait pas mal choisi, après tout : ec Guérin était un honnête homme, et non sans mérite.. Mais, auparavant, Molière avait été, par Armande tiéjart, le plus malheureux des hommes... Eli, mon Dieu ! ce n’est pas porter atteinte à son génie que de reconnaître qu’il avait été assez impru dent en épousant cette toute jeune fille, qu’il prenait dans un milieu sur lequel il était bien édifié pourtant et où il savait, par expérience, que ne fleurissaient pas toutes les vertus, il avait largement vécu ; la passion qui s’était éveillée en lui était celle d'un homme un peu blasé ; il n’était pas extrêmement moral- du s’éprendre d’une enfant qui tenait, par les liens d’une parenté étroite, à son ancienne maîtresse., S’il se fût agi d’un autre que de lui, quels conseils il eût donnés à un homme tenté de faire ce qu’il faisait, pour repousser cette tenta tion ! Il se préparait bien des déboires, par sa propre faute. Armande avait été un moment éblouie par cette fortune de devenir la femme du chef de la troupe. Les âmes de comédiennes du xvu" siècle devaient beaucoup ressembler à celles des comédiennes d’aujourd’hui : elle entrevoyait sans doute do beaux rôles...