Extrait du journal

ayant à sa disposition une voie ferrée qui la mettait en communication assurée avec sa base d’opération ; en Bulgarie, au contraire, l’armée russe est en pays ennemi, entourée de places fortes qu’il faut à tout prix qu’elle isole de d'armée turque, et n’ayant pour communication et ligne de retraite que deux ou trois ponts de chevalets et de pontons qu’une crue inattendue ou un monitor turc un peu hardi pourrait emporter. Quoi qu’il en soit, la guerre d’Orient vient d’entrer dans sa phase la plus importante, dans sa phase décisive. Une victoire sérieuse des Turcs peut jeter l’armée russe dans le Danube et terminer par un désastre épouvantable une campagne qui a déjà coûté bien des efforts et bien des sacri fices de tout genre. Une victoire importante des Russes peut, au contraire, décider du sort de l’empire ottoman. Les Russes, maitres des défilés des Balkans, débordent en Roumélie, pays riche, commode, sillonné de routes et de chemins de fer, qui sera pour eux une sorte de terre promise succédant à l’affreuse Bul garie malsaine, ruinée, ravagée, impraticable. Le passage des Balkans sera suivi presque immédiatement de l’occupation d’Andrinople; cette occupation marquera la troisième phase de la guerre, dont la quatrième phase, si tou tefois d’ici là aucune intervention étrangère ne change la face des événements, sera le siège de Constantinople. Mais que d’événements imprévus peuvent déranger ce programme.......