Extrait du journal

— De l’anémie, de l’anémie... Il faut réagir, prendre de l’exercice... un exercice modéré, progressif... des toniques... — Voyager, insinua M™’ d’Arville. — Bé oui. si ça peut vous plaire. — Elle le désire. Notre médecin de là-bas nous le conseillait, mais il voulait votre opi nion, cher maître. — n avait raison, ce brave confrère... J’en tends, comtesse, qu’il avait raison en vous prescrivant les excursions... Un voyage ne peut qu’être très salutaire, chasser les papil lons noirs, changer les idées malfaisantes; en Algérie, par exemple... On choisit un site agréa ble, une résidence bien exposée, en vue de la mer, avec des orangers, des palmiers, des ci tronniers, des amandiers, que sais-je I — N’est-ce pas t — Bé oui. La poitrine t... — Va bien. Le docteur Ruiz peut être charlatan, mais ce n’est pas un sot. Il s’en faut. De son œil émeraude dont il avait éteint la vivacité, il étudiait avec attention la scène qui se jouait autour de lui , . . , 11 allait du visage de la mère à celui de la malade et il examinait le futur â la dérobée d’un rapide regard en se demandant : — Qui trompe-t-on ici ? Les trais du vicomte étaient tendus par une poignante angoisse; ceux de la future frémis saient. mais, tout inquiets qu’ils fussent, leur expression n’était pas la même. Elle avait peur. Ceux de la mère, impérieux et décidés, com mandaient, Inspiraient, dictaient la réponse du maître. , „ Entre elle et le célèbre homme de l’art, il y avait une entente secrète. Le docteur Ruiz comprit-il ce qui se passait dans ces âmes agitées de sentiments divers? On peut le croire. Après une conversation d’une demi-heure dans laquelle il passa d’un sujet à l’autre avec une aisance admirable, du présent et de ses souvenirs à sa malade, 11 se leva en disant: — Anémie, faiblesse, résultat d’une secousse trop forte... Voyager, prendre des toniques, de la aulnlne... se donner du mouvement, d#...