Extrait du journal

D’après une correspondance de Serbie, adressée à un journal de Lyon, les Serbes, tout en acceptant le secours effectif et moral de la Russie, ne voient guère d’un bon œil les officiers russes prendre les grades dans leur armée et imposer, pour ainsi dire, leur vo lonté et leur direction. L’alliance russe leur semble pleine de danger : Celte infiltration des Russes excite parmi les patriotes serbes un vif mécontentement. Ils trou vent avec raison que leurs frères les Slaves du Nord font lourdement sentir leur protection, et que ces alliés ressemblent un peu trop à des maîtres. Ils savent bien que. comme je vous le disais dans une de mes lettres précédentes, les Russes ne fout pas de la politique sentimentale et chevaleresque. Les Français seuls ont combattu, sans arrière-pensée de domination, pour délivrer des peuples opprimés, en Amérique, en Belgique, en Grèce et eu Italie. C’est ce qui fait la gloire de notre patrie ; car, si les nations ont pu sou vent lui refuser leur reconnaissance, elles n’ont jamais pu lui marchander leur admiration.*Dieu est trop haut et la France est trop loin, disait la Pologne expirante ! » Les Serbes ne disent pas encore que Dieu est trop haut, car leur cause n'est pas perdue, mais ils disent déjà que la France est trop loin, et, tout bas, que les Russes sont un peu trop près. J’insiste sur ces symptômes, parce qu’ils me paraissent indiquer à l’Europe sa politique dans la question orientale, si elle veut tout à la fois délivrer l’Orient de l’odieuse domination turque et préserver l'Occident de la domination mosco vite...