Extrait du journal

En annonçant que M. de Bismark s’était retiré à Warzin en congé illimité, les feuilles officieuses allemandes ont expliqué cette sorte de retraite en disant que le chancelier voulait, par raisons de santé, so décharger des affaires courantes, mais qu'il 11’en restait nas moins le grand inspirateur de la politique allemande. Il convient, croyons-nous, de donner une autre explicatiou à cette retraite temporaire ou défini tive. Aujourd’hui il n’est plus douteux pour per sonne que la politique de M. de Bismark a subi il y a quelques semaines, par suite de l’intervention de la Russie et de l'Angleterre, un échec grave, le premier depuis quatre ans. La base de celte politique était l’alliance des trois empereurs, au moyen de laquelle il espé rait faire garantir à l'Allemagne, par toutes les puissances européennes, les conquêtes de 1871. Or, cette alliance n'existe plus ou, tout au moins, elle est fort ébranlée. En effet, qu’il y ait ou non un traité formel entre la Russie et l'Angleterre, il est évident qu’un rapprochement s'est opéré entre ces deux puissances, et ce rapprochement ne pou vait se faire qu’à une seule condition : c’est que la Russie dégageât sa politique de celle de l’Alle magne et qu’elle se décidât à agir seule, au ris que de contrecarrer les projets de son puissant voisin. C’est là aujourd'hui un fait accompli. Dans ces conditions M. de Bismark ne pouvait guère faire autrement que se retirer. Quelle sera l’influence de celte retraite sur la politique euro péenne ? C’est une question à laquelle il est encore impossible de répondre. — A. R,...