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Le Petit Marseillais, 22 juillet 1942

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Le Petit Marseillais
22 juillet 1942


Extrait du journal

L'effort nécessaire Vichy, 21 juillet f >v.i spéc. ). Stéphen Pichon, ministre oublié des affaires étrangères du dernier cabinet Clemenceau, avait à la tribune un suprême argument quand il n’en trouvait plus d’autre, c 11 le faut, disait-il, parce qu’il le faut ». La formule, pour conriue et moquée qu’elle fût, obtenait toujours -un succès de bon aloi. Le Parlement d’abord, le pays ensuite, accordaient ce qu’on réclamait d’eux « parce qu’il le fallait ». Clemenceau voulait gagner la guerre et il l’a gagnée. Il s’agit maintenant de gagner la paix, une paix durable où la France demeure un grand pays, à la digne place qui est la sienne. Ce n est pas plus facile.. Et, aujourd'hui comme en 1917 et 1918, il faut faire ce qu’il faut parce qu'il le faut. S'imagine-t-on que le gouvernement insiste par simple caprice pour le recrutement de la main-d'œuvre qui doit être envoyée en Allemagne ? Son action, ses sollicitations répétées ont des raisons pro fondes. La vérité oblige à dire que l’envoi de travailleurs en Alle magne est pour nous une véritable occasion, une occasion que nous serions coupables de ne pas saisir. En logique pure, ce qui est consenti spontanément appelle des compensations, des égards tout au moins. Ce qui est imposé ne saurait avoir aucune contre-partie. Oublier que nous sommes vaincus serait absurde et dangereux. L’envoi-des travailleurs français en Allemagne est lié à toute notre politique, une politique qui voit loin, qui tient largement compte de 1 avenir, pèse toutes les probabilités et ne pourrait* échouer saris des conséquences terribles pour le pays. Il suffit. Une fois encore ne comprenons pas quand il sera trop tard. ... . » Le gouvernement organise avec un soin particulier le départ de nos ouvriers pour les usines d’Outre-Rliin. Nous ne rappellerons pas ici tous les avantages offerts aux partants. Dissipons cependant quel ques équivoques. Pour la zone libre, le service social de la maind'œuvre française en Allemagne a son siège à Lyon, 48, rue VictorHugo. Il est dirigé par M.Fléjo. Il veille particulièrement à ce que l’ou vrier ne quitte par la France sans des garanties absolues. Il intervient auprès du percepteur par exemple pour que le fisc ne commette pas quelque abus en l’absence du contribuable, auprès des patrons pour que toutes les indemnités soient réglées, y compris celles des congés payés. On a dit à tort que le partant devait emporter plusieurs paires de chaussures et une certaine quantité de vêtements. En fait l’obli gation se borne à une paire de chaussures en bon état. Une prime de 1.000 francs est versée sur-le-champ. Pour rendre plus agréable le < climat » de cet exil volontaire, M. Bichelonne, secrétaire d'Etat à la Production Industrielle, a prévu des équipes de travail entièrement constituées. Les grandes entre prises organiseront elles-mêmes les équipes qu’elles ont à fournir. Les moyennes et petites entreprises s'uniront pour constituer les leurs. Les autorités allemandes ont accepté que des missions comprenant des patrons, des ingénieurs et des ouvriers se rendent en Allemagne pour préparer l'arrivée de ces équipes. Il nest pas exclu que, en ce qui concerne les femmes, des mesures soient prises afin que les contractantes tiavaillent à proximité des camps où leurs maris sont prisonniers. En somme le gou\emement met tout en œuvre pour que la relève, une relève sacrée, s'effectue dans les meilleures conditions et ic plus xite possible. Mais, comme a tenu à l’affirmer le président Laval. « seule l’adhésion du pays peut faire d'une politique sensée une politique féconde ». Cette adhésion est nécessaire. Sans elle, nous connaîtrions, «de toute évidence, de douloureux déboires. Les matiè res premières nous manquent, nos usines travaillent au ralenti, le chômage s'aggrave. Outre qu’elle assurera leurs moyens d'existence à nos ouvriers sans travail, la relève abrégera les misères des chers captifs retenus dans tes camps depuis plus de deux ans. Estil besoin de tant de réflexions pour juger et se décider ? Sera-t-il démon tré que la solidarité des Français est un vain mot ? Il faut que les ouvriers de France répondent à Rappel du gouver nement. Il y a des raisons graves pour le leur demander. Il y va de bien autre chose que de notre vie quotidienne. Roger Deleplaxque....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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