Extrait du journal

n’y a rien de plus aléatoire que le bon sens et l'esprit de justice d’un jury français, il suffira que dans ce jury, choisi par le ha sard seul, il se trouve quelque beau par leur, ravi de donner une leçon au gouver nement, pour qu’il entraîne tous les autres; pour que les calomniateurs soient acquittés et que M. Quesnay de Beaurepaire reste avec sa courte honte. Sa position serait très pénible a la suite d’un semblable verdict. Mais c’est aussi ce qui fait que je prise davantage la hardiesse de M. Quesnay de Beaurepaire. il n'ignore pas le danger de son initiative; le ministre de la justice a dû lui faire de prudentes représentât ions sur les suites possibles de l’assignation lan cée. Nous savons qu’il les lui a faites, et que, pour décider le ministre, il a fallu que M. le procureur général offrit sa démission. M. Quesnay de Beaurepaire a considéré qu’il était de son devoir do lie point laisser amoindrir entre ses mains la dignité et l'honneur de la magistrature. 11 a été crâne, et cette attitude n’est pas pour nous déplaire à nous autres Français, qui aimons dans la conduite, comme dans le langage, la netteté et la franchise. Nous ne savons ce que le jury décidera, ce n'est pas que nous ayons le moindre doute sur la bonté de la cause : l’accusation portée con tre le procureur général est encore plus inepte qu'odieuse, et la seule excuse qu'on puisse apporter, en faveur du journal qui l’a lancée à l'aventure, c’est qu'il a dit cela comme il aurait dit autre chose, sans calculer la portée de ses paroles, par habi tude parce que l'insulte et la calomnie dé coulent de sa bouche, comme l’eau des fon taines. Mais nous savons les caprices et les écarts familiers au jury. Il se plait parfois à bra ver le droit sens et l'équité ; il peut encore être égaré par la passion politique, ce sera en ce cas tant pis pour lui, et nous n'en au rons que plus d'estime pour le procureur général qui a bravé le péril et qui est allé vaillamment, pour faire son devoir, au de vant d’un échec. Ajoutons que le procès ne se jugera point à huis clos. Nous aurons toutes les pièces en main, et nous pourrons, le cas échéant, reviser le verdict du jury. Nous pouvons répondre a M. le procureur général que si, par impossible, il venait à perdre sa cause devant le jury, il la gagnerait devant l’opi nion publique. C’est bien quelque chose, cela 1 FRANCISQUE SARCEV....