Extrait du journal

Rerlin, mai. Tandis que je lisais récemment le compte rendu des débats gène vois rela tifs à l’organisation militaire des sections d’assaut hitlériennes et du Stahlhelm, un récit me revint en mé moire. — le récit d’un ami qui avait ete témoin, il y a quelques mois, des exercices accomplis dans la banlieue de Berlin par des bataillons de l’armee brune. 11 ne s’agissait pas. ce jour-là, de ces simples « jeux sur le terrain » aux quels se livre désormais la jeunesse allemande tout entièie. Les opérations militaires qui allaient se dérouler, en cette matinée d’octobre 1932, autour de deux hameaux de la Marche de Bran debourg ordinairement fort paisibles, étaient un épisode des grandes manœu vres de l'armée brune... Entassés dans des camions automo biles, 2.500 hommes sont arrivés au petit jour. Ils ont été répartis entre les deux villages, sur une lande légère ment ondulée. A proximité de l’un des hameaux, on aperçoit, rangés en ligne, trois avions de l’escadrille hitlérienne. On peut aussi reconnaître, sous leur abri de feuillages ou dissimulés der rière des arbres, des mitrailleuses et de petits obusiers. Ces armes — de même que les fusils dont les hommes sont tous munis — ont l’apparence de vrais engins de guerre; mais ce ne sont que des « imitations » en carton ou en bois. La guerre commence à 9 heures juste. On voit les avions prendre le départ et survoler la lande, sur laquelle on dis tingue, parmi les herbes, tout un ré seau compliqué de fils télégraphiques. L’action s’engage. Les avions laissent tomber des bombes remplies de paille hachée. On voit les soldats sortir de leurs cachettes et faire usage de leurs fusils. On entend le crépitement des mitrailleuses. Des infirmiers apparais sent, portant des civières. Les hommes . rampent sur le sol détrempé. Dans leur uniforme souillé les soldats de l’armée brune ressemblent étrangement aux soldats de la guerre. Ces jeux se poursuivent pendant quatre heures sous le regard des offi ciers d’état-major qui, sans quitter un seul instant leur monocle, debout dans leur limousine, observent de loin le champ de bataille. Des manœuvres semblables ont eu lieu dans toute l’Allemagne, pendant l’été et au début de l’automne de l’an née dernière.,...