Extrait du journal
Nous avons, à Marseille, une école de vendeurs et de vendeuses, qui est, me dit-on* en pleine prospérité, i.-1 jeunes gens, qui veulent embrasser lu carrière lucrative de marchands, vont y apprendre, sous la direction de mal1res expérimentés, les recettes du sou rire professionnel et de l’éloquence commerciale. Fort bien I Mais, pourquoi n’aurionsnous pas une école d’acheteurs ? Vous direz : acheter, c’est à lu portée du premier venu. Nous ne faisons que cela du matin au soir. Nous achetons, oui I Mais, savonsnous acheter 7 Il ne faut pas s’y tromper. Il est très difficile d’acheter. Pour ma part — et je suis persuadé que je ne suis pas le seul — c'est a l’entrée dans le maga sin que commence mon supplice. \ peine al-je timidement indiqué ce que je désire, une cravate, par exemple, que, déjà, la vendeuse, un petit accent circonflexe de rouge sur les lèvres, a installé sur la banque une colonne de bottes. Et, de chaque botte, elle tire un paquet de cravates. Elle en prend une, deux, trois, quatre, les froisse adroitement, en fait chatoyer les cou leurs, les noue mollement, l'une après l’autre, pour Imiter un noeud1 parfait, tout cela sans cesser de parler... Vous dlral-je que J’entends quelque chose a son discours ?... Oui, certain*» mots qui reviennent toujours : «...Sim ple. .. de bon goût... très bien porté... avantageux... » Bientôt, la banque est couverte de cravates, entre lesquelles il est Impossible de choisir Bien D’égale mon embarras. Alors, héroïquement, pour mettre fin au supplice, je prends n'importe la quelle ou, du moins, celle que l'aima ble vendeuse veut me faire acheter, sans me soucier du prix, et je m’en vais. En arrivant chez moi, je m’aper çois (pie les nuances me déniaisent et que, ma foi, si la vie n’était pas si chère, je ne porterais jamais cette cra vate achetée contre mon gré. Le moyen de faire autrement, lors qu’on n’êst fin? de taille à lutter contre un tel étalage de paroles, de sourires et... de cravates ? J'ai reçu des confidences d’hommes, qui sont comme moi, qui lit savent pas acheter, qui ne sont pas capables de distinguer un t’s*u de coton d’un tissu de laine, et qui sont prêts à se faire vendre n’importe quoi à n’importe quel prix. . Que diriez-vous d’un petit cours • «le « marchandises », suivi d’une leçon de marchandage 7 On y Joindrait l'ensei gnement de-la maîtrise de soi, devant u rie Jolie et gracieuse commise... Ainsi nous serions armés... Remarquez que je ri’nl parlé que d’une école d’acheteurs .. Des acheteuses, il n’en est pas question Sur ce point, les femmes n’ont pas besoin de leçons Elles se trompent, parfois — témoin F.v» qui passa, avec le démon, un bien mau vais marché au Paradis terrestre — mais, en général, elles savent acheter. C'est peut-être parce qu’elles achètent beaucoup plus que nous. C’est leur rôle L'homme pense et la' femme dépense Léon Bakcai ....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - vincent auriol
- william booth
- charles x
- fernand bouisson
- puech
- woods
- combe
- ernest
- mellon
- léon blum
- france
- paris
- marseille
- chambre
- orléans
- canal
- londres
- washington
- aumale
- angleterre
- dieu
- sénat
- i.b
- ta république
- parti radical
- p. l