Extrait du journal

Par temps calme on n’est pas facilement prophète. Quand Us éléments sont déchaînés on l'est avec moins d’assurance encore. M. Roosevelt s’y est essayé en supposant que la guerre pourrait aller jusqu'en 1943. Les uns ont dit qu’il entrait dans cette prévision une part de malice diplomatique et que, par ce délai sensationnel, U président des Etats-Unis -pensait émouvoir les belligérants. Les autres ont fait remarquer que M. Roosevelt ne comptait cette durée que comme un maxi mum approximatif et, sans le dire, ne repousse pas l’expérience d’u ne paix plus rapprochée. De sorte qu'en y réfléchissant, le président des Etats-Unis est logé sur ce sujet à la même en seigne que nous tous, si bien et si haut placé que soit son obser vatoire pour la connaissance du futur. Il prévoit le pire si rien ne m’arrange d’ici là. C’est le seul moyen de ne pas se tromper. Au même moment nous avons lu dans une feuille étrangère que la pacification générale serait plus près de nous qu'on ne croit. Ce pronostic que ion peut émet tre chaque jour sans responsabili té est-il écrit dans les astres ? Au milieu de ces conjectures contradictoires une chose est sûre et c’est que nous aspirons tous au retour d’una vie normale. Cela se traduit par le xnf intérêt que nous prenons à tout ce qui vise à nous rassurer et l'inquiétude que nous ressentons à toute annonce de prolongation des hostilités. L’état moral intermédiaire dans lequel nous sommes est celui de l’homme qui, à la manière de Royer-Collard, s’attend tous les jours à de l’imprévu., — E. Th....