Extrait du journal

On travaille ferme, en ce moment, à Berre, où s opère, nous dit-on, la mise au point d’un avion à flotteurs qui va entre prendre prochainement le raid MarseilleAlger. Cette entreprise est due à M. Latéeoère, à l’initiative duquel nous devions déjà la création, il y a quelques années, de la Société d’Etudes F rance-Algérie. Nous ne pouvons qu’v applaudir, car elle semble vouloir faire entier dans le domaine des réalités ce désir exprimé depuis longtemps déjà : voir la métropole reliée par une ligne directe avec notre Afrique du Nord. Pourquoi faut-il qu3 nous ayons attendu si longtemps pour exister tout à coup aux préparatifs impromptus et fébriles de ce raid ? N’est-ce pas la récente création de la Société Marseillaise de Navigation Aérienne, dont nous avons parlé ces derîrcrs temps, qui a été le stimulant heureux des initiatives endormies et les efforts hâtifs qui se font depuis quelques jours, ne sontils pas le résultat d’une bienfaisante concurrence ? A ce titre seul, la Société Marseillaise de Navigation Aérienne aurait déjà accompli œuvre utile. Les efforts de M. Latéeoère sont infini ment. louables. Son avion à flotteurs va partir, il franchira la Méditerranée. Alger 13 recevra avec joie. 11 reprendra son vol, reviendra à Marseille. Marseille le recevra avec joie. Mais qu’est-ce que ce raid aura démontré ? Ou'un avion à flotteurs ou un hydravion peut, à condition d’être aménagé pour em poter le combustible nécessaire à la tra versée de 753 kilomètres qui séparent Alger de Marseille, franchir d'un seul bond la Méditerranée. Or, ce n’est pas un raid de ce genre qu’il s'agit de réaliser en ce moment, c’est un voyage ou plutôt une série de voyages commerciaux. Il ne suffit pas que l’appa reil puisse emporter son combustible, il faut qu’il puisse emporter la poste, des pas sagers et des marchandises; bref, une charge utile d’environ 700 kilos, qui lui permette de faire une recette. L’avion à flotteurs L. A. T. 15, actuel lement en cours d’aménagement à Berre, n’emportera que son essence et son huile, et il ne pourra pas emporter autre chose. Le pilote fera évidemment preuve de courage et d’énergie, mais on doit regretter que ce courage et cette énergie se dépensent en pure perte et sans résultat pratique. Le raid une fois accompli, Marseille et Alger ni seront pas plus reliés qu’avant par une iigne commerciale. Tout ceci est dit sans acrimonie, avec le seul souci de voir notre port et la capitale d3 l’Afrique du Nord reliées, nous le répé tons, par une ligne commerciale, qui a besoin d’être établie rapidement et prati quement. Raids, expériences : tout cela est très tenu. Mais il nous 'aut, plus que jamais, des résultats pratiques, et nous ne pen sons pas que ce soit pour le plaisir tout sport if de voir traverser la Méditerranée que les Délégations financières d’Algérie ont voté des crédits. Nous ne croyons pas, non plus, que ce raid, soit ce que recherche notre ministre de l’air... — R....