Extrait du journal
inférieurs n’échappent pas à cette loi cruelle ; les duels entre l’oursin et l’étoile de mer comptent parmi les plus cruels. La lutte contre les tout petits est plus dévastatrice encore ; certains gros pois sons, comme la baleine, se nourrissent des innombrables micro-organismes en suspens dans les eaux : petits crustacés, œufs et larves de poissons. Sur le fond, le ravage n’est pas moin dre : les harengs, par exemple, pondent des œufs, assez lourds pour tomber au fond et s’y fixer. Aussitôt la ponte ter minée, les aiglefins envahissent les lieux de ponte et se régalent d’œufs pendant plusieurs semaines. Si cette perpétuelle destruction n’est pas arrivée à dépeupler la mer, c’est que ses habitants sont d’une prodigieuse fécondité. Des poissons, tels que le tur bot ou la morue, pondent des œufs par millions, et il en reste, malgré tous les rapaces et les animaux de proie, un nombre suffisant pour assurer la perpé tuité de l’espèce. t Toutefois, le pouvoir malfaisant de l’homme n’est-il pas plus puissant ? M. Le Danois n’est pas éloigné de le croire. Il incrimine surtout les méfaits des cha lutiers à vapeur et il s’appuie sur des faits probants. Ayant été chargé d’une enquête à ce sujet, il choisit dans la rade de Brest un secteur assez limité qu’il reconnut scrupuleusement au moyen d’une série de descentes en scaphandre. Dès que la topographie des lieux lui fut devenue familière, il y fit pêcher par un petit voilier muni d’un simple chalut à perche et il suivit l’opération à distance respectueuse. Bientôt, il constata que les algues, les hydraires, les coquilles, les crabes, tout avait été détruit pour captu rer quelques plies et deux ou trois soles. Au troisième coup de chalut, il n’avait plus devant lui qu’un sol ratissé comme l’allée d’un jardin bien entretenu, avec, par places, une ornière plus profonde qui marquait le passage des fers du chalut. Du reste, dans la mer du Nord — le plus grand centre de pêche du monde — les chalutiers sont si nom breux que les marins anglais affirment que si l’on y laisse tomber une pièce de monnaie, on ne la retrouvera peut-être pas le jour même, mais, en tous cas, le lendemain. Aussi, les pêcheurs se sontils aperçus que les poissons y dimi nuaient en nombre et surtout en taille, la pêche intensive ne leur donnant pas le temps de grandir. On objectera que l’étendue des océans est tellement colossale que ces petits désagréments locaux ne valent pas qu’on s’y arrête. Erreur. Le monde marin, dans son ensemble, nous échappe ; nous sommes incapables d’en disposer à notre gré ; ses grands fonds nous sont inaccessibles. L’industrie de la pêche s’exerce, obligatoirement, dans des para ges limités et restreints. On est donc en droit de se demander si la pêche inten sive n’est pas susceptible d’y détruire les espèces comestibles. Le remède préconisé par nombre de groupements professionnels est le sui vant : sur les lieux de pêche internatio nale certains secteurs seraient fermés à la pêche pendant la durée d’une ou plu sieurs années et redeviendraient libres à l’expiration du délai fixé. Dans les milieux compétents, on n’en visage pas d’autre remède efficace au danger dont nous sommes menacés — danger encore lointain, mais qui risque de s’aggraver par le perfectionnement fatal des engins de destruction. MARIO SERMET....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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