Extrait du journal

muni d’un appareil semblable, et bientôt, par le jeu des miroirs, par les mouvements qu’on leur imprime, la conversation s’établit com me avec le télégraphe électrique. Mais un rayon do soleil ainsi réfléchi par un miroir peut-il aller très-loin; en conser vant son éclat? C’est le premier point impor tant à vérifier. Orr il résulte des expériences, que la puis sance d’une telle lumière est pour ainsi dire illimitée. Cette lumière peut parcourir des espaces immenses en conservant toute son intensité; elle traverserait toute l’atmosphère sans s'affaiblir. Et que l’on ne croit pas qu’il faille un grand miroir pour produire un pareil effet. La surface des miroirs de l’appareil, grande comme le fond d’un chapeau, a été réduite à la dimension d’une pièce de cent sous, et la lumière était encore tellement vive à plusieurs lieues de distance, que l’œil avait de la peine à la supporter.il est évident qu’un pareil effet ne peut avoir lieu que par un temps clair, avec une atmosphère pure ; le brouillard que la lumière solaire est quelque fois elle-même impuissante à percer est un obstacle insurmontable pour un rayon réfléchi. C’est dire que le système de signaux dont il s’agit n’est pas applicable en tout temps et en toute circonstance ; mais n’en est-il pas ainsi de tous les autres moyens de communication? Les émissaires envoyés n’arrivent pas tou jours à destination, et il suffit de couper un fil «le fer pour arrêter le plus merveilleux des correspondants, le télégraphe électrique luimême ! Pendant la nuit, la lumière du soleil peut être remplacée par des lumières artifi cielles avec un très grand succès. La lumière réfléchie franchit donc de très grandes distances, et, à son aide, des signaux seraient facilement transmis au delà des lignes 1 ennemies les plus étendues, s’il n’y avait pas d’autre obstacle que l’atmosphère. Mais il y a une autre difficulté, provenant de la cour bure de la terre,qui oblige à choisir un point élevé pour transmettre les signaux. A Paris, pendant le siège, lorsqu’on a voulu correspondre avec la province,on n’a pu trou ver de hauteur considérable pour permettre à un rayon de soleil réfléchi de passer par dessus les lignes prussiennes, qui occupaient tout antour un espace de plus de vingt lieues. Pour cette distance, il anrait fallu monter en ballon ; mais l’immobilité étant un point es sentiel pour le fonctionnementdel’instrument, le ballon,qui pivote sans cesse sur lui-même, qui est agité par l’air, ne pouvait servir. Les perfectionnements apportés par M. Le verrier à l’expérience de Montpellier consis tent dans Vadjonction d’un second miroir (les précédents appareils n’en avaient qu’un) qui reçoit le rayon de soleil réfléchi par le pre mier, et l’envoie dans la direction voulue, et surtout dans l’application d’un petit instru ment appelé alidade qui permet de chercher dans l’espace et de trouver le point avec le quel on veut correspondre. Le langage n’est plus qu’une affaire de jeu de miroir suivant l’alphabet ou le chiffre con venu. A défaut de soleil on peut avoir recours soit à la lumière du magnésium enflammé dont on connaît l’éclat, soit à celle d’un mélange de gaz hydrogène et de gaz oxygène brûlant sur un crayon de craie, et, plus simplement en core, fi la flamme d’une lampe modérateur ordinaire excitée par un courant d’oxygène facile à préparer et à conserver dans une outre de caoutchouc. A tous ces moyens, les télégraphistes de Nîmes, qui ont expérimenté plus do deux mois avec M. Leverrier à l’époque de la guerre, préfèrent la lumière de certaines poudres préparées qui se gouverne avec une grande précision. — Docteur X... CONSEIL DE QUERRE DK VERSAILLES...