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Le Petit Marseillais, 24 août 1909

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Le Petit Marseillais
24 août 1909


Extrait du journal

jourd’hui, sans effort, sans le vouloir ni le rechercher, par la seule puissance de ses ver tus et le rayonnement de sa bonté infinie, a conquis, je ne dis pas seulement l’amour, mais l’adoration de tout son peuple. Sa magnifique conduite lors de l’éruption du Vésuve d’abord, à Messine ensuite, a fait ce miracle d'imposer à la nation la plus su perficielle qui soit peut-être et la plus scepti que, sous ses apparences enthousiastes, le res pect des qualités qui s’accordent le moins avec le tempérament italien : la simplicité, la modestie et l’absence de toute affectation dans l’accomplissement d'un devoir. Non pas que les Italiens ne sachent remplir leurs devoirs, soit de citoyens, soit d’hommes privés. Mais leur péché mignon, quand ils les remplissent, est de s’en glorifier avec un épanouissement un peu puéril, — dame ! ils sont latins comme nous !. Et c’est véritablement un triomphe inespéré que la reine Hélène a remporté de les convaincre qu’une souveraine peut être très grande en se contentant d'être excellente épouse, mère parfaite, femme en un mot. Toutes les délicatesses naturelles, tous les dons, toutes les intuitions exquises, toutes les générosités que ce nom de femme évoque, la reine Hélène les possède. Elle y ajoute*'les beautés plus sérieuses, sinon plus hautes, d’une éducation et d une instruction supérieu res, que nombre d’hommes de grand talent et de forte intelligence pourraient lui envier. Etonnez-vous, après cela, que partout où elle se trouve elle soit à sa place : dans la salle du Trône du Quirinal, un jour de cérémonie protocolaire où il faut être souveraine, aussi bien que dans ses appartements privés, où elle est la mère vigilante, l’épouse tendre et apaisante, ou bien encore dans quelqu’un de ces milieux de misère et de souffrance, où elle est la « Soeur de charité », comme on l’appelle désormais. Je visitais, cet hiver, une des ambulances improvisées, à Rome, à la suite de la catastro phe de Messine et de Reggio. Des dames de la Croix Rouge y soignaient des enfants cala brais, de ces malheureux orphelins en bas âge que l’on recueillit par centaines, hélas I dans les ruines des deux villes. Nous étions dans la salle de pansement, lorsqu’on annonça que la reine venait d’arriver, en simple coupé, avec une dame de compagnie. Toutes les da mes infirmières accoururent et se massèrent à la porte d’entrée pour la saluer. La reine entra, le visage grave, et, avisant le tablier blanc d’une de ces dames qui, comme celui de toutes les autres, portait cette Inscription brodée en rouge : « Dames infirmières » : — Pourquoi dames ? dit-elle d'un ton de reproche amical. Ne vous semble-t-il pas que ce mot évoque une distinction sociale qui peut apparaître ici comme une offense au malheur commun ? Je préférerais : « Infirmières volon taires. » Sur ces mots, avec une inclinaison de tête et un sourire qui adoucissaient la critique qu’elle venait de formuler, la reine passa. Elle arriva au premier lit, où une... dame infirmière — une marquise, s’il vous plaît — s’efforçait, avec plus de bonne volonté que d’adresse, de maintenir un petit malade de 3 ou 4 ans en équilibre sur... Comment dire ?... sur une de ces potiches plates à long manche que vous devinerez bien "quand je vous aurai dit que le pauvie gosse, réduit à l'immobilité par une fracture de la cuisse, aurait vilainement sali ses draps sans cet ins trument. La reine s’élança, prit le manche de la poti che d’une main, releva l’enfant de l’autre, et : — Vite, un petit coussin là... Une serviette pliée en quatre ici... Bien... Maintenant, la padella (c’est le nom Italien de la potiche en question) est d’aplomb et l’enfant assis sur elle sans risque de se blesser. Vous voyez comme c’est simple î Tout en parlant, la reine dorlotait le petit, le caressait, lui tapotait le front. Puis, quand... la potiche fut devenue inutile, elle souleva de nouveau l’enfant en montrant comment 11 fallait s’y prendre pour éviter de le faire souffrir. D’un geste naturel, sans em barras, en mère habituée à rendre ces menus services à ses propres enfants, elle enleva la padella et la tendit à une infirmière en commandant : « Videz et désinfectez. » Un gros bécot sur le front du bébé, un mot au...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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