Extrait du journal
L'Europe ressemble à une vieille dame .lui aurait mal mis son bonnet. Elle a beau tirer ; le nœud ne se noue que davantage. De temps en temps elle s'ar rête, prend du repos, attend ; cela tient toujours. Cela ne veut pas se défaire ; cela ne veut pas se faire non plus. C'est tellement compliqué, que cela gêne tous les mouvements. Il n'y a pas moyen d’y entrer ; il n’y a pas moyen d'en sortir. Personne ne tient le bon bout, en sorte que personne n'ose bouger ; on est très mal, mais on reste ainsi, respectant le nœud, et craignant Alexandre. La France, qui s’est fourré les doigts dans le Maroc, ne sait plus comment s’en dépêtrer. Elle est aussi embarrassée devant sa conquête que ce soldat qui, dans la bataille avait fait un prisonnier, fct que ce prisonnier ne voulait plus lâcher. Elle organise un protectorat, qui H est pas admis par les protégés. L’Espagnv tient son coin, et s'y cramponne, y Vous devriez bien faire entendre raison fi l Espagne », dit-on à l’Angleterre. L’An gleterre, toute à ses mineurs, répond t] u elle n’y peut rien. L’Italie, non moins embarrassée, de mande qu’on lui assure sa Tri poli laine. La Turquie ne la veut point céder. L’Al lemagne, liée d’un côté par son alliance, de l'autre par son intérêt, no bouge pas. L Autriche cherche à en finir avec la Tripbee et voudrait renouer avec la Russie, voyant que la Turquie file un mauvais colon et qu’on pourrait gratter quelque chose par là. Tous les pays sont en ébul lition, sans savoir pourquoi. On deman derait à chacun ce qu’il veut, qu’il ne saurait vous le dire. Il veut quelque chose,voilà tout ce qu’il sait ; mais quoi ? C’est le secret. Or, ce qu’il y a de plaisant, c’est que 2e mot de l’énigme, personne ne l’a. U Cv a eu des temps, dans l’histoire, où les événements étaient conduits par des per sonnages ; aujourd’hui, il n’y a plus de personnages ; il n’y a plus qu’une masse de médiocrités qui attendent les événe ments. On demande chaque matin aux gazettes ce qui se passe, comme on de mande au baromètre le temps qu’il fait....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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