Extrait du journal
toujours davantage du sommet où l'étoile glorieuse resplendissait, et, soutenu par une énergie croissante, il continuait son ascen sion., Tout à coup, comme il allait atteindre le rebord supérieur de la falaise, la branchette à laquelle il s’accrochait cassa dans sa main. 11 roula sur la pente roide, cherchant à se re tenir aux pierres, aux plantes, à tout ce qui se trouvait sur son passage. Enfin, un pin grêle l’arrêta à temps au bord du précipice. Mais il demeura quelques minutes tout étourdi de sa chute. Il se remit pourtant et regarda le ciel ; son étoile n’y était plus !... Alors, découragé, il sentit brusquement toute sa lassitude. Sous lui, l'abîme s’ouvrait, ef frayant, insondable. Comment avait-il pu monter jusque-là ?... Il eut peur ; il pleura en pensant à son. bon Esquirol. à son étable chaude, à ses bêtes dociles et aimantes... Qu’allait-il devenir ? Son âme était toute désemparée, son corps tout endolori. Et, comme il s'efforçait de sortir de ce pas dan gereux, ô joie ! il la revit soudain, son étoile magique. Elle n’apparaissait qu’a demi,, ca chée par la crête montagneuse, mais elle semblait vouloir se pencher un peu plus au dehors comme pour mieux se faire voir de Mazet et lui dire : « Je suis là !...» Et, de fait, l’enfant, tout réconforté par sa vue, acheva, dans un élan superbe, l’esca lade de la paroi à pic. Mais, comme il mettait le pied sur le plateau extrême, il était ’à bout de souffle, la tête lui tournait, pris d’un im mense vertige, le cœur lui battait à se rom pre. Et, ô suprême désillusion ! l’étoile, brus quement, était remontée plus haut, là, sur la pointe d'un rocher, tout proche et effilé comme un clocheton de marbre. Tant d'efforts dépensés en pure perte ! Se voir si près du but et ne pouvoir le saisir ! Mazet, avec la rage du désespoir, se raidit dans une dernière tentative. Il se traîne vers le rocher braqué comme un clocheton, et le voilà qui, lentement, monte, monte... Oh ! cette ascension !... Epuisé, l’enfant tombe, se relève, remonte, pour retomber encore !... Enfin, le voilà à l’extrémité du pic aigu. 11 y a juste la place pour mettre ses deux pieds... Alors, les yeux remplis d’une extase sublime, il se dresse de toute sa petite taille, et, vers l’étoile prestigieuse et chimérique, il tend éperdument ses mains O folie !... Mazet tout à coup a perdu l’équi libre !... Mazet a roulé au bas de la côte rude !... Et quel éblouissement est le sien ! Il peut croire vraiment qu’il vient de toucher du front son étoile, car une flamme ardente aveugle ses yeux, et mille étincelles jaillis santes fulgurent dans sa tête !... Et, victime d’un beau rêve, Mazet ne se re leva plus !... Oh ! combien de nous se bles sent, se déchirent, se tuent à vouloir pour suivre un idéal impossible comme l’étoile du petit Mazet !..., ALEXANDRE PAUL....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - mazet
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