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Le Petit Marseillais, 26 novembre 1922

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Le Petit Marseillais
26 novembre 1922


Extrait du journal

Bruxelles, 23 novembre. Le ministre de la guerre de Belgique, M. Devèze, vient de déposer, devant le Parle ment, une proposition de loi sur le service militaire. La chose est des plus intéres santes pour la France, liée à la Belgique par un pacte militaire défensif qui doit jouer, eu cas d’agreçsion de l’Allemagne, même si celle-ci respectait le territoire belge. Pour bien apprécier la valeur de cette proposition de loi, il importe tout d’abord de rappeler les divers statuts militaires pur lesquels la Belgique a passé députe une vingtaine d’années. Avant 1910, lu Belgique ne pouvait mettre sur pied de guerre que 100.000 hommes. Comme sa population eût permis d’en mettre bien plus, les miliciens étaient désignés par un tirage au sort et avaient la faculté de se faire remplacer. En 1910. fut votée une nouvelle loi qui imposait a chaque famille l’obligation de fournir un fils à l’armée. En 1913, le service général fut voté ; le service fixé à 15 mois ; la première classe recrutée sons ce régime était sous les armes en 1914. La guerre et l’invasion tarirent à peu près toutes les sources de recrutement. A cause de la surveillance minutieuse des Allemands à la frontière hollandaise, ainsi que des réseaux de fils électrisés, le nombre de volontaires qui purent rejoindre l’armée de campagne sur l’Ysev fut plutôt réduit. Immédiatement après la guerre, le minis tère de la guerre do Belgique voyait sa tâche singulièrement compliquée par le fuit que, entre les classes normale-s qu’il fallait incorporer, il avait en même temps à donner l’instruction militaires aux cinq classes, de 1914 à 1918, qui étaient restées prisonnières en Belgique. Il fallait trouver un système permettant d’instruire a lu fois deux classes. On se résolut u incorporer, chaque année, une classe normale, ainsi qu’une classe en retard. Entraient en même temps au ser vice, lus classes 1914 et 1919. 19l5 et 1920, etc. Go n’est qu’à partir de 1924 que la Bel gique n incorporera plus qu’une seule classe. Comme il n’était pas possible de garder pendant quinze mois des classes doubles, ce qui devait en donner quatre sous les armes pendant trois mois et coûter presque aussi citer qu’une armée sur pied de guerre, ou compensa le nombre plus grand par la durée moindre. Les miliciens n’eurent que dix mois de service à faire — au lieu de quinze. La nouvelle loi tient compte de cette espèce d’expérience d’après-guerre. Elle fixe un terme de service de huit mois l>our les troupes auxiliaires, de dix mois pour l’mfunterie, de douze mois pour les armes spéciales, et de treize mois pour les armes montées. En même temps cette loi crée doux ar mées. Une première à neuf divisions, for mée des ([mitre plus jeunes classes do milice. Une seconde, identique, f on née des quutro classes suivantes. Figurent en reserve de ces armées, les deux classes formées des hommes de 29 et de 30 ans, ainsi que les jeunes gens ayant dépassé 18 et 19 mis. Outre ces classes, les cinq classes de 31 à 35 ans sont constituées en armées territo riales. Four résumer, il y a doux années fortes d’environ 175. U0U hommes chacune. Au grand total, 350.000 hommes répartis entre 18 divisions prêtes à partir en campagne au début do la guerre. Encore faut-il tenir compte de fait que la seconde armée ne peut être mise eu ligne qu’après la pre mière. Cela parait peu de chose, en regard dos possibilités de la Belgique. Dix-huit divi sions, alors qu’il y en avait douze sur l’Yser et que les jeunes classes de milice pour raient en fournir quarante, ce n’est vrai ment pas énorme. Les milieux militaires ne cachent pas le peu de satisfaction que leur donne ce projet de loi. Le ministre so défend en alléguant aue ses classes annuelles de milice fortes e 45.000 hommes, ne lui permettent pas d’étoffer plus de neuf divisions en temps de paix, et que c’est là la raison pour laquelle il doit réduire de 12 à 9 le chiffre actuel des divisions existantes. Cette affirmation ne résiste pas à l’exa men, prétendent les techniciens, et quand bien même elle serait conforme à la réalité, il convient de ne se laisser guider dans la question de l’organisation militaire belge que par une seule idée, que par un seul principe : la Belgique doit faire son effort maximum au début de la guerre. Car elle peut ainsi faire avorter celle-ci dans l’œuf et peut-être même eirqwîcher toutes velléités de revanche de la part de l'Allemagne. Et ils déclarent qu’avec les 600.000 ou 700.000 hommes que donnent les quinze classes de 20 à 35 ans, la Belgique doit pou voir tonner une quarantaine de divisions. En Ve qui concerne la durée réduite du service, les critiques, quoique nombreuses, sont bien moins vives. Cela peut étonner en Franco où l’on a jugé nécessaire un temps de service nota blement plus prolongé. La réponse à cet étonnement est *bien simple. La Belgique ne doit assumer au cun service de garnison aux colonies au moyeu de ses troupes métropolitaines. Au Congo belge, ce sont des troupes de cou leur, encadrées par des volontaires blancs, qui assurent le service de sécurité. Il en est autrement en France. C’est là mie différence essentielle et qui conditionne différemment le problème du service militaire en France et en Belgique. Le temps*de service — dix mois pour l’in fanterie — tel que le propose le ministre de la guerre, M. Devèze, peut donc être dé fendu. C’est cependant une extrême limite . qui suppose comme acquise une éducation prérégimentaire. En effet, les miliciens qui n’auraient pas fait cétte préparation au ront à faire deux mois de service supplé mentaire, par appel anticipatif. Cela ferait douze mois pour tous les jeu nes gens n’ayant pas passé par une école de préparation et par une Société de sport. Cela peut suffire. L’utilisation des classes est autrement critiquable. Quand on déclare que vingtcinq classes sont légalement redevables du service militaire, n’en prendre que huit pour intervenir nu moment le plus décisif do la guerre, c’est vraiment trop peu. Le ministre de la guerre de Belgique, qui...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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