Extrait du journal
mer, le ministère de la marine, se péné trant, enfin, de ses obligations, est sorti désormais de l'inaction et du laisser-aller, et que, si la France peut opposer, du côté des Vosges et des Alpes,des frontières bien détendues et puissamment outillées pour l’attaque et la défense, elle pourra bientôt considérer ses frontières du littoral avec tout autant de confiance et attendre, en toute sécurité, que le sort des batailles dé cide entre elle et ses implacables ennemis. Mais, pour ceux qui y réfléchissent et qui ont sainement conscience de la tâche qui peut leur incomber un jour ou l’autre, tout ce qui vient d’être énuméré n'est pas encore suffisant ; ces moyens purement défensifs ne sont pas assez^appropriés au but qu’on veut atteindre, ni proportionnés aux efforts à tenter au moment décisif. Il est bon de préparer la défensive, mais il est indispensable de ne rien négliger en vue de l’offensive ; celle-ci doit etre l’objet de toutes les préoccupations et comme il faudra dépenser, à cette tâche éminemment patriotique, des sommes con sidérables, sachons au moins employer notre argent à bon escient. Aussi qu’un ne vienne plus nous vanter tel ou tel projet tendant à transformer, à coups de millions, le port de Cherbourg sans que la France, ni même cette ville, n’y trouvent une chance de plus de sécu rité ! Qu’on délaisse les chimériques con ceptions de ceux qui ont rêvé de trans former la rade de Brest et son port de rivière, en vue de résultats secondaires facilement réalisables du reste sans avoir à dépenser les sommes fastueuses que ré clame l’exécution de projets plus ou moins grandioses ! Soyons une bonne fois pour toutes pra tiqués et sachons vouloir. Après avoir hérissé nos côtes de nombreuses et puis santes pièces d’artillerie, après avoir semé de torpilles les passes, les goulets et les baies accessibles; après avoir doté les côtes de la Manche, de l’Océan et de la Méditerranée de nombreux garde-côtes et torpilleurs et y avoir accumulé tous les moyens désirables, à la fois offensifs et défensifs, disons-nous bien que tout ce système ne peut avoir d’efficacité, au point de vue militaire et maritime, qu’à la condition d’être complété par une Hotte aussi considérable que puissante : C’est là une nécessité qui s impose et que l’accrois sement de plus en plus notable des marines européennes rend absolument inéluctable. Nous voyons, en effet, autour de nous, toutes les puissances faire parade de bril lantes escadres ; l’Allemagne et lTtalie se saignent à blanc pour faire de leurs flottes, naguère à l’état embryonnaire, des forces navales de première importance. L’Angleterre, elle-même, malgré ses co lossales escadres, ne saisit-elle pas toutes les occasions pour nous donner le change sur la valeur de son matériel naval en vue de l accroître encore, toujours, sans cesse ? L’exemple ici doit être contagieux pour nous, car il est bon à suivre ; il y va non seulement de notre vieil amour-propre maritime et national, mais encore de no tre sécurité, de notre existence que de plus longues tergiversations compromet traient à tout jamais. 11 est une lutte su prême, terrible, sans merci, dont l’heure plus ou moins prochaine sonnera fatale ment pour la France, lutte décisive où se décidera, par la voix du canon, la ques tion de vie ou de mort de plusieurs peu ples. Pour cette lutte gigantesque, nous devons être entièrement prêts, sous peine d’être contraints de chercher dans un héroïque écrasement l’oubli de notre cou pable imprévoyance aux temps que nous eussions* dû employer à nous préparer aux plus terribles éventualités....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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