Extrait du journal
Que d'encouragements, que de souhaits, que d'espérances, dans les lettres que nous recevons. Mais que d'objections aussi I Il en est une, à laquelle il faut répondre tout de suite. « Oui, nous écrit-on, vous aves raison. Mais un pareil « mouvement » R-t-il des chances de succès ? » En lisant de semblables lettres, on imagine leurs auteurs hochant la tâte et répétant : « A quoi bon ?... Le communisme a tourné beaucoup de têtes..*. Les socialistes sont dévorés. Les radicaux n’existent plus. » a ceux-là, on pourrait d'abord rappeler la parole du Taciturne : « Tl n’est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Mais nous n’en sommes pas là.. Il y a autre chose à dire. Ce sont les minorités audacieuses et disciplinées qui commandent aux majorités divisées et lâches. Cruelle vérité, dont il est inutile, n*eet-ce pas, de souligner l’actualité. Car enfin, sont-ils une minorité les Trançais qui veulent reprendre pos session de la France et conserver leurs libertés ? K on. Seulement, ils ne le savent pas. Iis ne le savent pas, parce qu'ils ne se rencontrent pas. Présentement, il y a une Immense majorité de Français qui se cherchent pou; refaire la France. • * * * * Imaginez que soient réunis dans une salle un millier de Français de tous les âges, de toutes les opinions et de toutes les conditions. La salle est com plètement obscure. Dot, orateurs également d’opinions et de conditions différentes viennent parler des maux dont souffre le pays et des remèdes à y apporter... Imaginez maintenant qu’à la fin de cette réunion publique dans la nuit, oc fasse brusquement la lumière. Que croyez-vous qu’il arriverait si tous ces gens pouvaient se reconnaître entre eu* et reconnaître les orateurs, s’ils pouvaient mettre un nom et coller une étiquette politique sur chaque visage ? Chacun d’eux s’étonnerait alors de voir à qui sont allés ses applaudisse ments et avec quels autres applaudissements ils se sont confondus. Ils s’apercevraient du même coup qu’ils ne sont pas aussi éloipufs les uns des autres qu’ils l'imaginent. ♦ * * Par quoi les Français sont-ils surtout divisés ? Par des idées. Sans doute. Mais parmi ces idées, n'en est-il pas beaucoup, qui depuis longtemps et surtout depuis les années d'après-guerre ont été vidées de leur contenu et ne sort plus que des mots ? Quel sens exact peut-on donner à l’heure qu'il est aux mots c droite » et « g.xuehe » qui peuvent, à eux seuls, déchaîner la plus atroce des guerres civiles. Autrefois, la droite représentait une forme spéciale de conservatisme social, que l’on ne séparait pas du catholicisme. Or qui oserait dire encore que le catholicisme syndicaliste est conservateur ? Autrefois, la gauche se marquait par un appétit de liberté» qui allait jusqu'à la négation de l’autorité. Il n’est pas de régime plut autoritaire que le régime promis par les communistes. Droite... gauche... ce sont des mots qui n’ont plus que le sens que leur donnent les uns, par routine, les autres, par intérêt. Entre une minorité de privilégiés, oligarchie économique, internationale au surplus, responsable en grande partie du trouble actuel et une autre mino rité de stipendiés ou d'illuminés, internationale elle aussi, qui prépare pour nous lts fers de l’esclavage, n’y a-t-il pas une immense masse de Français, travailleurs de la main et de l’esprit, artisans, agriculteurs, ouvriers, employés, commerçants, industriels, qui souhaitent vivre dans la dignité materielle et morale, vivre du fruit de leurs efforts, élever leurs enfants et leur faciliter l’entrée dans la vie, jouir enfin de leur épargne, tout cela dans ^or dre, dans la paix et dans la liberté ?...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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