Extrait du journal
Un nouveau projet de loi va être soumis à l’Assemblée, dans l’intérêt*de la conservation de la vie des enfants en nourrice, et pour empêcher le retour des-faits repoussants dont les annales judiciaires ont donné de trop fré quents exemples. La première clause du projet de loi dispose que la profession do nourrices devra recevoir par la publicité une sanction légale. — On ne pourra se charger, moyennant salaire, de deux ou plusieurs enfants au-dessous de douze mois sans avoir obtenu une autorisation spéciale, qui sera délivrée par le juge de paix, sur l’attestation d’un médecin et d’un membre du clergé. Cette autorisation devra être renouvelée à la fin de l’année du contrat, et sera révoquée s’il est prouvé que l’enfant a manqué de soins. Les bureaux de nourrices seront sévère ment interdits, et les renseignements sur les enfants seront donnés mensuellement et gra tuitement, soit par les municipalités, soit par les médecins chargés des visites hebdo madaires. LE PETIT Champtieury parle quelque part d’un ex cellent croque-mort — le doyen de ses con frères — qui M’ait obtenu, par faveur spéciale et en raison de son affaiblissement produit par l’âge, de n’être plus employé qu’au ser vice des petiis.C’est-à-dire qu’ii allait enlever à domicile ces pauvres petites boîtes de sapin qui tiennent sous le bras aussi facilement qu’un portefeuille, et dans lesquels dort inanimé un de ccs chers petits êtres qui, sans la maladie, sans le hasard,eussent peut-être été des hom mes intelligents et utiles... Le croque-mort do Champficury s’appelait Bug-Jargat : un sobriquet, cela s’entend. Or, Bug-Jargala eu un successeur,plusieurs successeurs. Celui dont nous nous occupons aujourd’hui et qui n’était eu fonctions que depuis quelques jours avait un surnom, lui aussi : on l’appelait le Faucheux, peut-être parce qu’il avait de grands bras, peut-être aussi parce qu’il était le serviteur,le complice de la grande faucheuse. C’était un bon vivant que le Faucheux : il avait cinquante et quelques années. Une ma ladie récente avait quelque peu brisé ses forces. Auparavant, il travaillait dans le grand, il était solide des bras,il vous enlevait sa bière de 225 comme si de rien n’était. Et une poigne ! Si le mort s'avisait de glisser sur les ais, comme il savait bien vous l’empoigner par le dessous et le remettre d’aplomb, en murmurant entre les dents : Holà ! ma vieille! Pas de bêtises avec papa ! — Un rude gars ! disaient les confrères. — Un gai compagnon ! disaient les bonnes gens de la maison qu’il habitait... et qui avait toujours le mot pour rire. — On fait un métier ou on ne le fait pas, disait-il lui-même. Voyez-vous, si on écoutait tous ces pleurnicheurs qui se jettent sur les cercueils en sanglotant et voudraient vous empêcher de les enlever!...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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