Extrait du journal

Son apostolat retournera probablement r opinion américaine ! Et la raison de ce triomphe est aussi simple que l’idée dtrnt il est la consé quence, et montre que M. Clemenceau avait vu juste dans la psychologie du grand peuple auquel il allait parler : C'est l'argument fondé sur la morale qui a porté sur la masse américaine. On peut tout dire aux Américains, pourvu qu on le leur dise en face et en faisant appel à la notion du devoir. Or, M. Clemenceau leur a dit : « Vous nous avez abandonné, et vous n'aviez pas le droit de nous abandonner. En même temps, vous auriez eu, si vous étiez res tés à nos côtés, la vraie paix, la paix définitive, celle qui vous aurait apporté cette sécurité dont le monde entier a besoin pour se remettre à un travail pro fitable à tous 1 » Et l’opinion américaine a compris. Elle a si bien compris que tous ceux qui, là-bas, ont prêché la théorie soporifique de l’isolement égoïste, se sont sentis menacés dans leurs positions et ont cédé à la nécessité de s’expliquer. Mais leurs explications prennent figures d’excuses et l’opinion ne s’y trompe pas. Elle évoîhe en un mouvement impressionnant vers la vérité. De cette évolution, on a la preuve tous les jours par les longs télégrammes que publie la presse de langue anglaise de Paris, télégrammes qui, à leur tour, ont complètement modifié l’opinion de la colonie américaine, à laquelle je faisais allusion plus haut. Car maintenant, répétons qu’il faut qu’on le sache en France, cette colonie américaine, qui nous a donné tant de preuves de son amitié sincère, est convaincue que l’apostolat (ne disons pas : mission) de M. Clemenceau aura sur la politique américaine une très grande influence, la renouvellera même peut-être. N’est-il pas déplorable que, par aveu glement de parti, certains Français nient ce grand événement et s’efforcent de le masquer aux autres Français T PIERRE ALBIN. La Défaite de Melilla...