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Le Petit Marseillais, 29 octobre 1921

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Le Petit Marseillais
29 octobre 1921


Extrait du journal

duc de Bourbon se* fâcha tout rouge, et M. le duc de Bourbon n’était pas un homme commode. Dur, brutal et sau vage, il était le fléau de la cour et des siens. Mais pour connaître le prétexte de sa colère, il faut remonter dans l’histoire un peu plus haut. Le 13 mars 15G9, à la bataille de Jarnac, le prince de Condé, oncle d’Henri IV et chef des huguenots, se préparait à charger à la tête de ses escadrons, quand le cheval du comte de la Rochefoucauld lui brisa la jambe d’un coup de pied. La blessure était grave, car l’os traversait la botte. Elle n’empêcha pas le prince de se lancer sur l’ennemi ; mais, entouré bientôt par des forces supérieures, il dut rendre son épée, après que son cheval, percé de coups, se fut abattu sous lui. On le tranporta derrière une haie, et l’on commençait à lui donner des soins, lors qu'un gentilhomme gascon de la garde suisse du duc d’Anjou (depuis Henri III), nommé Montesquiou, l’ayant assailli par derrière aux cris de : « Tue, tue, mort-Dieu ! » lui fit sauter la cervelle d’un coup de pistolet. Et il n’y eut, dans cette affreuse guerre, qu’un lâche assas sinat de plus. Et ce Montesquiou était cousin issu de germain du grand-père du maréchal, et le prince de Condé assassiné,le cinquième aïeul de M. le duc de Bourbon. On conviendra que le ressentiment de celuici était assez ridicule. Il ne le fit pas moins paraître avec fracas, et déclara bruyamment qu’un prince du sang comme lui ne pouvant supporter l’injure que lui infligeait l’élévation du maréchal, il lui ferait uri affront public partout où il le rencontrerait. Mais d’ArtagnanMontesquiou ne s’émut point de ces bra vades. Il y répondit par un calme hau tain. disant que s’il était effectivement insulté, il verrait ce qu’il aurait à faire, et que rien ne pourrait l’empêcher de se présenter partout sous le nom de sa maison. Cette attitude lui valut, d’ailleurs, une sympathie qui jusque-là lui avait man qué, et que la haine assez générale dont le duc do Bourbon était l’objet ne fit qu’augmenter. Aussi bien celui-ci, mal gré sa fureur, finit par comprendre qu’il faisait fausse route, — à moins que le roi lui-même ne lui ait calmé les esprits, — et rengaina ses menaces. Peu de temps après, il mourait, tandis que le maréchal se rendait à l’armée des Flan dres, et, depuis, aucun prince de la mai son de Condé ne s’avisa de ressusciter cette querelle absurde que, seul, un maniaque de son espèce avait pu provo quer. Telle est, en raccourci, l’histoire vraie de d’Artagnan. Moins accidentée que la légende, elle n’est point, pour cela, dépourvue d’éclat, puisqu’elle se lie à la libération de la France en 1712, et mêle, dans une illustration partagée, les noms des maréchaux de Montesquiou et de Villars. L*-Colontel ROUSSET....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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