Extrait du journal

peut-être que celui que je veux fuir, murmura-t-cllo. Est-ce prudent de rester si près ? — La Camargue est un grand désert, ré pliqua vivement Patrice; ce n’est pas ici que l’on vous cherchera. D’ailleurs, vous voyez que depuis bientôt une semaine que vous êtes sous noire toit, vous n’avez eu aucune alerte. — Jusqu’à présent, fit-elle soucieuse ; mais quand on me rencontrera?... Vous avez des serviteurs... — Qui ne parlent guère que le provençal et ne sortent jamais d’ici. Quant à Martine et à Pascal, nous leur avons recommandé la discrétion ; soyez sûre d’eux comme do nous. — Et puis, insinua Mme Gordiane, j’ai idée que sous le costume du pays vous seriez moins reconnaissable. Auriez-vous quel que répugnance à endosser la robe, le cor sage ouvert et le fichu de mousseline des Ariéses, et de vous coiffer à leur façon ? — Je ferai tout ce qu’il faudra pour être mieux cachée. Mais, chère madame, vous parlez comme si je devais rester longtemps chez vous. — J’y compte bien, dit la vieille dame en souriant. Nous vous aimons comme si vous étiez une des nôtres. Vous connaissez à peine la vie, pauvre enfant, et vous la haïssez déjà? Mais Ici vous apprendrez, sinon à la trouver douce, ce serait de la fatuité de notre part, mais à la supporter. — Mon Dieu ! fit Marthe, les larmes aux yeux, je n’aurais jamais rêvé cela : rencon trer des amis tels que vous m’eût semblé...