Extrait du journal

Hé quoi I dans le flut qui l'emporte, Paris s’en irait tout à coup I Tu serais une ville morte. Depuis tant de siècles debout I Ton fleuve, aux gaîtés coutumières. De débris sème son chemin : * Ville de toutes les lumières. Tu serais de l’ombre demain ! Quoi I cette Seine épaisse et noire Et qui roule de longs sanglots, Emporterait toute ta gloire Dans la colère de ses Ilots I Quoi I dans l’horreur dont elle est pleine. Ta rivière, gouffre anormal, Charrierait d'une même haleine Et tout le bien et tout le mal I Tribut peut être expiatoire, Soudain changée en océan. Ce serait, toute notre Histoire Qu’elle jetterait au néant l Ce serait des grandeurs sans nombre. Des noms si longtemps retentis !... Paris mort, ce serai!, dans l’ombre, Des tas de siècles engluutis I Ce serait — funestes présages — Tout le passé qui s'en irait. Et ce qui vécut tous les âges En un moment s’engloutirait ! Si, comme une autre Babylone, Proscrite par l'arrêt du ciel, Tombait ta dernière colonne Au choc du flot torrentiel I Paris ne meurt pas de la sorte l Car, celle qui marche en avant, Ne peut être une ville morte Tant que l’univers est vivant l Seine, que tes sources taries Arrêtent leurs sombres exploits : Paris, c’est toutes les patries. Toutes les villes à la fois ! O cité, mouillant ses paupières, Marseille voudrait t’envoyer Son mistral pour sécher tes pierres Et son soleil pour t'égayer I XAVIER MAUNIER....