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Le Petit Marseillais, 30 juillet 1925

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Le Petit Marseillais
30 juillet 1925


Extrait du journal

L’ABUS DU DROIT Nous qui avons la prétention d’avoir inventé la liberté, nous ne savons pas même nous en servir. Les trois quarts du temps nous nous imaginons que la liberté, cela consiste à embêter, à gêner les autres. A tout instant les lois contradictoires sur les loyers nous le prouvent. Le vieil adage sur le droit absolu qui devient l’injustice est applicable à la plupart des décrets bossus et tordus dont la vie sociale est encombrée. Voyez la loi du 31 décembre 1923 relative au repos hebdomadaire. En soi elle est excellente puisqu’elle assure aux travail leurs qui les désirent, des heures de dé- ; tente. Mais aux moins des ministres et des préfets qui en tirent les conséquences extrêmes elle devient un instrument de tvrannie. ' Cela vient d’unç interprétation sans libéralisme. En principe, la loi des huit heures oblige l’employeur à ne pas exiger de remployé plus de travail que ce nombre horaire. Mais s’il plaît aux deux intéressés de s’acorder pour un labeur supplémen taire, le pouvoir interprétatif s’y oppose. Au patron il dit: « Même si c’est dans l’intérêt général, tu n’as pas la latitude de produire davantage, c’est-à-dire de contribuer à l’abaissement du prix de la vie. » A l’ouvrier ou l’employé, il dit aussi : « Tu ne sais que faire de tes loisirs ? Va jouer aux boules ou va avaler des apéritifs variés. Tu n’as pas assez de ton gain de hiiit heures pour élever ta famille et une heure ou deux de travail supplémentaire te tireraient d’affaires?Tu ne les feras pas. » Le repos hebdomadaire, en ce qui concerne les commerçants et magasiniers n’est pas mieux compris. Sous prétexte qu’ils vendent de la viande, les uns doivent -fermer. D’autres qui vendent de l’alcool laisseront leur boutique ouverte. Un citoyen qui a loué très cher un magasin et «'acharne à faire honneur à ses affaires, se voit intimer l’ordre de fermer sa porte aux chalands: « Mais, monsieur, si vous m'enle vez cinquante-deux dimanches ou cin quante-deux jeudis sur trois cent soixantecinq jours, c’est un septième de ma recette dont vous me privez; alors comment voulezvous que je paye mes impôts. » L'administrateur obtus n’entre pas dans ce détail: « Faites faillite, mais je suis là pour vous obliger à vous reposer 1 » Si ce personnage irresponsable et cala miteux se reposait lui-même toute l’année de faire des bêtises, quel service il rendrait à la société et comme on respirerait mieux ! En attendant, ces bêtises continuent. Des boutiques ont permission de rester ouver tes, d’autres ne l’ont pas. Demain, ce sera peut-être le contraire. Telle catégorie d’ou vriers se croise les bras le dimanche, mais telle autre catégorie travaille obligatoire ment. . . , La multiplicité des rapports sociaux, la complication des rouages de la vie publi que, tout démontre au moins intelligent des citoyens que nous ne pouvons nous mou voir, nous accorder mutuellement et même nous ce courir les uns les autres que par le *eu très souple des règlements, leur man-...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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