Extrait du journal

Lorsqu’AIbion rentre ses griffes, c’est pour mieux les aiguiser. Dès que le Japon et la Chine ont été en hostilité sourde, et avant que les deux pays n’en vinssent aux mains, vite l'Angleterre a fait patte de velours au Japon. Avec quelle discrétion, avec quelle habileté doucereuse le gouvernement de Londres s’est-il hâté de conclure un traité anglo - japonais , trompant les Etats-Unis, endormant la France, sup plantant la Russie ! Ce traité a 22 articles ; il ouvre les ports japonais au commerce anglais, lui assurant le traitement de la nation la plus favorisée et il accorde aux navires de la Grande-Bretagne les droits réservés aux navires japonais eux-mêmes. Le commerce du Japon vaut la peine. Sa valeur totale était de 142 millions de yens — le yen vaut 5 fr. 39 — en 1891. L’année suivante il s’est élevé à 162 millions de yens et il s’est augmenté de plus de 15 millions de yens en 1893. Mais si le commerce d’un pays de trente millions d’àmes, qui va se déve loppant, est bon à monopoliser, celui d’un pays de quatre cents millions d’àmes, si stationnaire qu’il soit, vaut mieux encore. Aussi dès que le Japon est engagé, qu’il a bien et dûment signé, vite Albion court en Chine offrir sa patte de velours, et, de même qu’elle a exploité et flatté la vitalité japonaise, de même elle va exploiter la dégénérescence chi noise. A Pékin, elle larmoie et se fait conso-...