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Le Petit Marseillais, 31 janvier 1911

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Le Petit Marseillais
31 janvier 1911


Extrait du journal

Lisbonne. 30 janvier. On vient d’arrêter à la frontière espagnole, sur la route de Bios, un chariot rempli de proclamations au peuple portugais, signées de dont Miguel. C’est, à ma connaissance, la troisième lois que pareil fait se reproduit de puis dix jours seulement, et cela confirme ce que je vous disais, hier, de l'intensité vlti la propagande monarchiste au Portugal* 11 est de bon ton, maintenant, dau» Æûies les classes de la société, de se moquer des hommes au pouvoir. « Bête comme un minis tre » est une locution courante. Les dames de l’aristocratie donnent l’exemple et, chez beau coup d’entre elles, le portrait de dora Miguel occupe la place d'honneur. A côté des journaux royalistes, qui parais sent au grand jour et que la crainte de repré sailles oblige à une certaine réserve, il existe une multitude de feuilles clandestines que l'on colporte sous le manteau et qui mènent une campagne acharnée de dessins burlesques et d’histoires scandaleuses contre les chefs répu blicains. Les partisans de dom Miguel mettent à profit les libertés accordées par le gouvernement, de sorte que les concessions mêmes de celui-ci se retournent contre lui. La loi sur la liberté des grèves, notamment, leur fournit de mul tiples occasions de désordres. Il est notoire que la grève (les cheminots fut, à leur insu, une grève politique. Les meneurs étaient de connivence avec les royalistes. Le malaise grandit. On a dû licencier les marins, qui menaçaient de s’emparer de la flotte et de se transformer en corsaires. L’ar mée n’existe pour ainsi dire plus ; les soldats ne vont à l’exercice que s’ils le veulent bien et ils ne s’occupent qu’à envoyer des délégations aux ministres pour en arracher faveurs sur faveurs. Les banquiers de Lisbonne ont fait une dé marche auprès du représentant de l’Angleterre et ont déclaré qu’ils allaient être forcés de sus pendre toute opération. Comme il n'y a plus d’autorité, l'anarchie est maîtresse. On pille les fonds publics ; on s’arrache les prébendes. On vient d’arrêter les infirmiers d’un hôpital qui laissaient mourir de faim les malades et qui faisaient bombance avec les provisions de l’ordinaire. Voilà donc dom Miguel qui apparaît comme le sauveur cle la patrie. Il le sait, et il se dé clare prêt à prendre le pouvoir. Dans quel ques jours, il va arriver à Pau, où l’attendent de nombreux délégués de toutes les classes ; à Pau. c’est-à-dire à trois heures de la frontière portugaise. LOUIS MASSET....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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